L’accord d’Alger sur la paix et la réconciliation au Mali prend fin
Le document de l’Accord d’Alger, signé il y a plus de 8 ans, est désormais caduc. Les autorités maliennes ont décidé de le remplacer par des concertations nationales entre les différents acteurs du pays.
Depuis la reconquête de Kidal et le discours d’Assimi Goïta pour le nouvel an, il semble peu probable que l’Accord d’Alger puisse rebondir et continuer à guider le septentrion pendant cette période de transition. Déjà affaibli par un manque de consensus, les incertitudes qui l’entourent ont conduit à des tensions entre le Mali et l’Algérie, avec des différends diplomatiques difficiles à résoudre, entraînant même le rappel des ambassadeurs des deux pays. L’intransigeance des parties signataires a également conduit à l’échec de toutes les tentatives de conciliation, y compris les visites de courtoisie du ministre de la réconciliation et du chef de la Sécurité d’État auprès des responsables de la CMA. Ces derniers n’étaient pas prêts à faire le moindre compromis sur les engagements pris dans le cadre de l’Accord d’Alger, une position qui est perçue à Kati comme une compromission plutôt qu’un compromis pour résoudre la crise du septentrion.
Face à cette impasse, il ne restait plus que la confrontation directe entre les protagonistes, sous le regard quasi indifférent des garants de l’Accord. La MINUSMA, qui assure la présidence du suivi de l’Accord, l’Algérie, qui en est le parrain, et la Fondation Carter, son observateur indépendant, ont tous montré une certaine lassitude ou une impuissance face aux obstacles infranchissables, permettant ainsi à la situation de se détériorer. Le point de non-retour a été atteint avec le processus de cession des emprises occupées par les forces de l’ONU, qui ont finalement été récupérées par les forces régulières, notamment à Kidal. Cette reprise de contrôle par la force consacre un retour à l’affrontement, qui était inévitable depuis la suspension du dialogue au sein du Comité de suivi de l’Accord. Le gouvernement a souvent critiqué le document de l’Accord d’Alger, ce qui a renforcé les velléités dénonciatrices de la part des mouvements autonomistes.
Ainsi, après près d’une décennie marquée par des calculs et des hésitations depuis sa signature, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali n’a pas réussi à surmonter les obstacles liés à la méfiance entre les parties. Une grande partie de la population ignore encore son contenu et sa portée, en particulier les plus jeunes. Les avancées, telles que le CVJR et les DDR, sont désormais mortes et enterrées, car la dénonciation de facto de l’Accord par les autorités de transition a donné lieu à un processus de domestication de la crise septentrionale. Ce processus implique un dialogue entre les Maliens qui pourrait annuler les jalons de stabilité établis précédemment. Le refus des mouvements autonomistes de participer à ce nouveau processus est soutenu par tous les parrains internationaux de l’Accord d’Alger, qui considèrent cet accord comme la seule référence pour résoudre la crise malienne. En mettant de côté cet accord au profit d’un dialogue direct entre les Maliens, les autorités de transition risquent de perdre l’objectif ultime : la paix.
Résumé de cette actualité
Après plus de 8 ans, l’Accord d’Alger sur la paix et la réconciliation au Mali est officiellement caduc. Les autorités maliennes ont décidé de le remplacer par des concertations nationales entre les différents acteurs du pays. Malgré les efforts de la communauté internationale pour soutenir cet accord, les tensions et les désaccords entre les parties signataires ont finalement conduit à sa remise en question. Cette situation a entraîné un retour à l’affrontement et une perte de confiance dans le processus de paix. Il est donc urgent de trouver de nouvelles solutions pour résoudre la crise malienne et rétablir la stabilité dans la région.