L’année 2023 : une année de défis pour le Mali
L’année 2023 a été marquée par de nombreux événements importants dans la vie de la nation malienne. Au début de l’année, les autorités ont dû faire face à la pression de trouver la meilleure façon d’expliquer aux citoyens le report des élections présidentielles prévues pour fin février 2024. Les dates initiales du 4 et du 18 février 2024 pour les deux tours ont été reportées pour des raisons techniques, selon le porte-parole du gouvernement, le ministre d’État et ministre de l’Administration territoriale, le colonel Abdoulaye Maïga.
La révision de la charte de la transition a rapidement donné une base juridique au report des élections présidentielles, prolongeant ainsi la transition. Cette année a été difficile pour les partis politiques qui cherchaient à reconquérir le pouvoir, mais aussi pour les citoyens qui ont dû faire face à la cherté de la vie et à l’instabilité de l’approvisionnement en électricité, ce qui a eu un impact négatif sur l’économie nationale.
Sur le plan politique, toute l’année a été consacrée à des réformes visant à renforcer le contrôle des autorités sur l’agenda électoral. L’élaboration du projet de constitution a été un moment clé de ce processus. Deux commissions ont été créées pour rédiger la nouvelle constitution, suscitant des débats contradictoires sur des questions telles que la laïcité et le statut des langues nationales. À l’issue de ces échanges, l’avant-projet de Constitution a écarté le rejet de la laïcité, et a été adopté lors du référendum du 8 juin 2023 avec un score de 96,91% en faveur du oui.
La proclamation des résultats provisoires du référendum constitutionnel par le président de l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige), Moustapha Cissé, a été marquée par la contestation de certains partis politiques et de la société civile. Certains responsables politiques ont dénoncé les fraudes qui auraient eu lieu lors de ce scrutin, le premier organisé par le pouvoir militaire qui est arrivé au pouvoir suite à deux coups d’État en août 2020 et en mai 2021. Les résultats définitifs ont été proclamés par la Cour constitutionnelle le 21 juillet 2021, ouvrant ainsi la voie à la naissance de la 4ème République du Mali. La nouvelle Constitution accorde également le statut de langues officielles aux langues nationales.
L’année 2023 a également été marquée par l’arrestation de personnalités poursuivies pour corruption. Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, Youssouf Bathily, a été arrêté pour avoir détourné des fonds publics destinés à la lutte contre le coronavirus. D’autres personnalités, telles que l’ancien ministre de la Sécurité et de la Protection civile sous Ibrahim Boubacar Keïta, le général Salif Traoré, l’ancien ministre de la Communication, Arouna Modibo Touré, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, et l’ancien questeur de l’Assemblée nationale, Mamadou Diarrassouba, ont également été arrêtées.
Les activistes et cyber-activistes ont également été confrontés à des épreuves tout au long de l’année. Le chroniqueur Ras Bath, connu pour ses critiques envers le pouvoir, a été arrêté pour atteinte au crédit de l’État, tout comme Rokia, également connue sous le nom de Rose Poivron. Les célèbres activistes Adama Ben Diarra et Sidiki Kouyaté du mouvement Yèrèwolo ont également été emprisonnés pour atteinte au crédit de l’État. Le leader du mouvement Yèrèwolo a été condamné à deux ans de prison, dont un an ferme, pour s’être opposé à la prolongation de la transition. Même les prêcheurs ont été réprimandés par le même juge, avec l’arrestation de Chouala Bayaya Haïdara en décembre dernier.
Sur le plan diplomatique, les autorités de la transition ont réussi à contourner la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cette organisation menaçait de prendre des sanctions contre le gouvernement si les élections présidentielles étaient reportées, mais elle a été écartée du processus de transition. L’événement diplomatique de l’année a été l’adoption de la Résolution 2690 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, le 30 juin 2023, consacrant le départ de la Minusma à la demande de Bamako. Cette mission de maintien de la paix des Nations Unies avait irrité les Maliens en raison de rapports critiqués. Le processus de retrait de la mission onusienne a été marqué par la reprise des hostilités entre l’armée malienne et les terroristes du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), regroupant les principaux groupes armés maliens du nord du pays. La reprise de la ville de Kidal par les forces armées maliennes a marqué un tournant dans ce processus, conduisant à la fuite des groupes armés indépendantistes associés aux terroristes.
Enfin, la crise diplomatique entre le Mali et l’Algérie a marqué la fin de l’année. L’Algérie avait tenté de relancer le dialogue sur l’accord d’Alger en invitant des personnalités hostiles à la transition à Alger en décembre, ce qui a provoqué une réaction du Mali. Les deux pays ont rappelé leurs ambassadeurs respectifs, créant ainsi une crise diplomatique.
L’année 2023 a été une année de défis pour le Mali, marquée par des événements politiques, des arrestations pour corruption, des épreuves pour les activistes et cyber-activistes, des tensions diplomatiques et la reprise de la ville de Kidal par l’armée malienne. Cette année a été caractérisée par des changements importants pour le pays, avec l’adoption d’une nouvelle constitution et la proclamation de la 4ème République. Malgré les difficultés, le Mali continue d’avancer vers un avenir meilleur.