La Russie avance ses pions au Sahel, cherchant à occuper la place laissée par la France. Alors que les soldats français se retirent du Niger, la Russie établit un axe Moscou-Bamako-Ouagadougou-Niamey, ce qui représente un défi pour la diplomatie et les armées françaises.
Une rencontre significative a eu lieu entre le général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la partie (CNSP) au Niger, et l’ambassadeur russe Igor Gromyko à Niamey. C’était la première fois que le chef de la junte nigérienne rencontrait un diplomate étranger en tête-à-tête depuis sa prise de pouvoir en juillet 2023. De plus, la réunion a eu lieu en présence du ministre nigérien de la Défense, Salifou Mody, plutôt que du ministre des Affaires étrangères.
La rencontre entre le CNSP et une mission militaire russe à Bamako en septembre 2023 a renforcé le projet de la Russie de s’implanter au Niger. La Russie bénéficie du soutien des colonels russophiles au pouvoir à Bamako, notamment Sadio Camara, ministre de la Défense. Camara entretient de bonnes relations avec Salifou Mody, son homologue nigérien, et tous deux sont mécontents de la France pour avoir soutenu leur éviction de leurs postes respectifs. Le général Mody travaille maintenant à un rapprochement avec l’armée malienne, qui joue un rôle d’intermédiaire avec la Russie. La récente création de l’« Alliance des Etats du Sahel », regroupant le Niger, le Mali et le Burkina Faso, confirme cette nouvelle donne stratégique dans la région.
Pendant ce temps, les Américains ont abandonné leur opposition à l’incursion russe au Niger et devraient annoncer la reconnaissance officielle du coup d’État du CNSP. Cela entraînera probablement la suspension d’une partie de l’aide américaine au Niger, mais sans le retrait des troupes américaines présentes sur les bases militaires de Niamey, Agadez et Ouallam. Les Nigériens n’ont pas l’intention de faire appel à la société de sécurité privée russe Wagner, mais souhaitent acquérir du matériel militaire russe, en particulier des hélicoptères de combat et de transport de troupes.
Cette situation représente une triple peine pour la France. Alors que les soldats français se retirent du Niger et que les Américains maintiennent une présence militaire dans le pays, les États-Unis ont pris leurs distances par rapport aux positions françaises. La France perd ainsi sa dernière présence militaire dans la région, après avoir été chassée du Mali et du Burkina Faso. La diplomatie française doit désormais faire face au remplacement par la Russie au Niger, après le rejet de la junte nigérienne et l’abandon de son allié américain.
En conclusion, la Russie avance ses pions au Sahel en occupant la place laissée par la France. Alors que les soldats français se retirent du Niger, la Russie établit un axe Moscou-Bamako-Ouagadougou-Niamey, ce qui représente un défi pour la diplomatie et les armées françaises. La rencontre entre le général Tiani et l’ambassadeur Gromyko confirme cette tendance. Les Américains ont également abandonné leur opposition à l’incursion russe au Niger, ce qui représente une triple peine pour la France. La diplomatie française doit désormais faire face au remplacement par la Russie au Niger.