Le Mali se retire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et les autorités du pays ont tenu un Conseil extraordinaire des ministres pour discuter des raisons et des opportunités de ce retrait. Cette décision marque un changement de modèle économique vers une approche opposée à l’ultralibéralisme. Plusieurs observateurs de la CEDEAO soulignent également les faiblesses de l’organisation régionale ouest-africaine.
Le président Assimi Goïta a présidé cette réunion extraordinaire le 29 janvier 2024, officialisant ainsi la séparation entre le Mali et la CEDEAO. Les ministres ont discuté des raisons et des opportunités de retrait du Mali et des autres pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) de la CEDEAO. Selon le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, ce retrait offre des opportunités économiques aux pays de l’Alliance des États du Sahel. Le Mali peut désormais développer un marché intérieur solide, stimulant la croissance économique et assurant une autonomie politique et économique. Les avantages financiers, tels que la balance commerciale et les investissements directs étrangers, ne doivent pas être négligés. Le pays bénéficie également d’une plus grande flexibilité pour négocier avec d’autres nations et protéger les entreprises locales.
Le ministre de l’Économie et des Finances a souligné que le Mali avait surmonté des défis par le passé et qu’il avait confiance en la résilience et l’intelligence du pays pour prendre en main son destin. Cette séparation permettra également à la douane malienne de récupérer les revenus perdus en raison des réformes communautaires de la CEDEAO, telles que le certificat d’origine CEDEAO ou le tarif extérieur commun.
Les ministres ont souligné que cette décision de retrait de la CEDEAO ouvrait des perspectives considérables pour l’autonomie politique et économique des pays de l’AES. Ils ont également souligné la nécessité de travailler ensemble pour concrétiser les objectifs de refondation initiés par les plus hautes autorités. Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a déclaré que ce retrait était nécessaire en raison de la menace que représentait la CEDEAO pour la souveraineté et les intérêts vitaux des pays concernés. Il a également critiqué la déviation de la CEDEAO par rapport à ses principes fondateurs et son utilisation contre les institutions, les États et les populations des pays membres. Il a souligné que les chefs d’État avaient pris cette décision dans l’intérêt de la survie des pays concernés et qu’il était essentiel pour les pays de travailler dans leur intérêt, en dehors des influences extérieures néfastes.
La décision de retrait des États de l’AES n’a peut-être pas été précédée de consultations avec les organes législatifs de transition au Mali et au Burkina Faso, mais elle n’est pas surprenante pour les observateurs politiques. Les sanctions de la CEDEAO contre le Mali et la décision d’une intervention militaire au Niger ont déjà suscité des critiques. Selon Gilles Yabi, économiste et analyste politique, les dirigeants de la CEDEAO, qui sont issus de processus politiques internes plus ou moins démocratiques, portent une lourde responsabilité dans l’affaiblissement de l’organisation régionale et dans sa montée en impopularité auprès des populations. Les décisions de la CEDEAO, telles que la menace d’intervention militaire au Niger et les sanctions économiques sévères contre le pays, ont été contre-productives et ont ignoré l’opinion publique et les conditions politiques dans la région du Sahel.
Il est important de noter que le retrait de la CEDEAO ne s’accompagne pas d’un retrait de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), dont le niveau d’intégration est plus élevé. Les pays membres de l’UEMOA partagent une monnaie commune, le franc CFA, et un retrait aurait des conséquences économiques, financières et politiques considérables pour les trois pays et pour les autres membres de l’UEMOA.
En résumé, le Mali se retire de la CEDEAO afin de poursuivre un modèle économique opposé à l’ultralibéralisme. Le retrait offre des opportunités économiques, une autonomie politique et la possibilité de protéger les entreprises locales. Les décisions de la CEDEAO, telles que les sanctions et les menaces d’intervention militaire, ont été critiquées pour leur impact négatif sur les pays membres. Le retrait de la CEDEAO ne s’accompagne pas d’un retrait de l’UEMOA, ce qui soulève des questions sur l’avenir de l’intégration économique régionale.