La militarisation du régime en Algérie s’intensifie alors que l’institution militaire cherche à écarter les hauts cadres policiers qui ne se sont pas alliés à elle avant les élections présidentielles de décembre 2024. Cette purge vise non seulement les directeurs centraux de la police, mais aussi les chefs de sûreté de certaines wilayas importantes. Cependant, il ne s’agit pas simplement d’un ajustement des appareils sécuritaires, mais plutôt d’une militarisation du régime dans un contexte régional tendu et face à une crise sociale sans précédent.
Le véritable objectif de cette purge est de déposséder le Président Abdelmajid Tebboune de ses réseaux au sein de l’appareil sécuritaire afin de le contrôler et de le mettre sous tutelle. Cela permettrait au Président Tebboune d’être candidat pour un deuxième mandat, mais seulement s’il est dépossédé de la plupart de ses réseaux. En plus de cela, l’État cherche à mettre la main sur un certain nombre de postes diplomatiques qui pourraient être confiés à des hauts gradés, afin de militariser à nouveau l’État comme cela était le cas avant l’arrivée au pouvoir de l’ex-Président Bouteflika.
Cette militarisation du régime algérien est également visible dans le protocole entourant la passation de pouvoir à la tête de la police. La présence des généraux Djebbar Mhenna et Kamel Majdoub Kehal lors de cette passation de pouvoir a été perçue comme le prélude à une mise au pas de la police. Cette mise en scène marque la fin du pouvoir de l’éminence grise de Tebboune et de son directeur de cabinet, qui étaient en mesure d’espionner leurs adversaires et de mener des actions clandestines.
Cette vague de limogeages touche non seulement les directeurs centraux, mais aussi les chefs de sûreté de certaines wilayas. L’objectif des instigateurs de cette purge est de contrôler les territoires les plus reculés du pays avant les élections présidentielles de décembre. Le nouveau patron de la police, Ali Badaoui, a laissé sa place à son adjoint, qui a occupé le poste de chef de la sûreté de l’aéroport d’Alger. De plus, la direction des renseignements généraux, qui était tenue par un proche du cercle présidentiel, a également changé de titulaire.
Le sort des hauts cadres limogés reste inconnu, mais il est possible qu’ils soient interdits de quitter le territoire national. Cette purge s’inscrit dans une volonté du chef d’état major de consolider son influence sur l’ensemble de l’appareil sécuritaire. En 2021, le général Chengriha avait déjà nommé l’un de ses fidèles à la tête de la gendarmerie, et plusieurs chefs de région avaient été limogés. Ainsi, l’ensemble du corps de la gendarmerie a été décapité pour permettre au chef d’état major de centraliser tous les pouvoirs.
Cette militarisation du régime a pour objectif d’éradiquer toute contestation, y compris au sein de l’État. En conséquence, personne en Algérie n’ose plus bouger dans les rangs de la police et de la gendarmerie. La situation politique en Algérie est donc marquée par une intensification de la militarisation du régime, avec des conséquences potentiellement lourdes pour la démocratie et les droits de l’homme dans le pays.