Ascension politique inattendue : Bassirou Diomaye Faye prête serment en tant que président du Sénégal
Après avoir été emprisonné il y a quelques semaines, Bassirou Diomaye Faye (BDF) a prêté serment le mardi 02 avril 2024 en tant que cinquième président de la République du Sénégal. Cette ascension politique rapide a suscité l’intérêt de nombreux observateurs politiques. Pour analyser cette élection présidentielle, nous nous penchons sur plusieurs points clés : la vitalité de la démocratie sénégalaise, le génie politique du Pastef, et la dualité entre Diomaye et Sonko.
La vitalité de la démocratie sénégalaise
Malgré les doutes qui planaient sur l’élection présidentielle de 2024, le Sénégal a une fois de plus confirmé sa réputation de modèle démocratique en Afrique francophone. Les manifestations et les tensions politiques ont marqué les mois précédant le scrutin, notamment en raison de la question d’un possible troisième mandat pour le président sortant Macky Sall. Malgré ces obstacles, la démocratie sénégalaise a finalement prévalu, avec une élection tenue dans les délais impartis.
Le Conseil Constitutionnel a joué un rôle crucial en fixant la date de l’élection présidentielle et en mettant fin à l’immobilisme politique. Cette décision a permis de garantir le respect des principes démocratiques et d’assurer une transition politique pacifique.
Le génie politique du Pastef
Le Parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) a démontré sa résilience politique en maintenant sa présence malgré la dissolution du parti et l’emprisonnement de son leader, Ousmane Sonko. La nomination de Bassirou Diomaye Faye comme candidat a souligné la force du parti, basée sur un projet politique solide plutôt que sur une personnalité unique.
Cette stratégie pourrait servir d’exemple à d’autres partis politiques en Afrique, mettant en avant l’importance des idées et des projets politiques au-delà des figures charismatiques. La capacité du Pastef à se réinventer et à s’adapter aux circonstances a été un facteur déterminant dans le succès de l’élection présidentielle.
La dualité Diomaye-Sonko
La relation entre Diomaye Faye et Ousmane Sonko soulève des questions sur la répartition du pouvoir au sein du nouveau gouvernement. Si Diomaye Faye a remporté l’élection présidentielle, son succès repose en partie sur le soutien et l’influence d’Ousmane Sonko. Cette situation complexe pourrait poser des défis pour la collaboration future entre les deux leaders.
Différentes hypothèses ont été avancées quant au rôle de Sonko dans le nouveau gouvernement, allant de son possible poste de Premier ministre à une éventuelle révision constitutionnelle pour créer un poste de vice-président. L’avenir politique du Sénégal dépendra en grande partie de la capacité de Diomaye et Sonko à travailler ensemble malgré les tensions potentielles.
La situation actuelle rappelle des précédents historiques au Sénégal, soulignant l’importance d’une gestion politique équilibrée et transparente. Les prochains mois seront cruciaux pour la consolidation du pouvoir et la mise en œuvre des réformes promises par le nouveau président.
Brehima Sidibé
(Doctorant-chercheur à CY Cergy Paris Université)