**Les positions divergentes sur la question des élections au Mali**
Après le 26 mars 2024, certains partis politiques ont, dans une déclaration publiée le 31 mars, déclaré la fin de la transition et ont réclamé orbi et orbi, ici et maintenant, la tenue de l’élection pour consacrer le retour à l’ordre constitutionnel. Pour eux, le Mali est pris en otage par les autorités notamment militaires de la transition qui n’ont pas la volonté de se hâter pour organiser les élections.
**La position du président de la transition**
Saluant le 14 novembre 2023, la victoire des forces armées maliennes (FAMa) sur l’alliance narcoterroriste et séparatiste à Kidal, le Chef suprême de l’armée malienne, le Colonel Assimi GOÏTA avait clairement indiqué que la ‘‘mission (était) pas achevée pour autant. (Car) elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusive aucune, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité’’. C’est en rendant hommage dans son discours de nouvel an aux FAMa pour leur engagement et détermination que les Maliens ont appris que l’opération Dugukoloko avait pour seul objectif le redéploiement des forces armées sur toutes l’étendue du territoire national suite au retrait de la Minusma…
En appelant à la modération et au calme ceux qui ont été pris en otage 11 ans durant par la mafia terroristes, le président de la transition, le colonel Assimi GOÏTA rappelle encore que la ‘‘mission n’est pas achevée (car) elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusivité aucune’’. Pour ceux qui n’ont pas compris, l’officier de terrain explique ‘‘la question sécuritaire et la reconquête de l’intégrité territoriale de notre pays ont été et demeurent au cœur des préoccupations du peuple malien… En vue de recréer des conditions de vie normale, le retour de l’État et des services sociaux de base se poursuit.’’.
Aussi, la question du retour à l’ordre constitutionnel dont le processus a été souverainement décidé par le peuple du Mali lors des Assises nationales de la refondation n’est pas remise à la Saint Glinglin, mais à l’élaboration de certaines reformes prioritaires, à la restauration de l’intégrité territoriale et au retour de la sécurité. Malgré les progrès accomplis dans le domaine des réformes politiques et institutionnelles, force est de constater avec le président de la transition que le chemin est encore long pour parvenir à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé. ‘‘Pour ancrer une véritable démocratie au Mali, nous avons estimé que cette fois-ci, l’ordre constitutionnel, désiré par les Maliens devrait être différent des autres et être apaisé et sécurisé’’, explique le président dans son discours du nouvel an. Toutefois, le président de la Transition promet qu’au cours de l’année 2024, les efforts tendant à retourner à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé ne faibliront point.
Dans la même veine, en parfaite phase avec le gouvernement dont il a salué les efforts et le rôle dans la reconquête de Kidal, le président de la transition, le colonel Assimi GOÏTA a estimé, le 20 janvier, que pour la sortie progressive de la longue crise multidimensionnelle qui a profondément affecté tous les segments de notre société au regard de l’ampleur du phénomène du terrorisme et en raison de son caractère transfrontalier, pense qu’au-delà de la restauration de l’intégrité territoriale, le défi majeur qui reste à notre peuple de relever est celui de la refondation de l’État. Il s’agit, a-t-il dit, d’une ‘‘œuvre de conviction, un idéal qui doit structurer le comportement au quotidien de chaque citoyen. Sa réalisation ne sera possible que dans un environnement apaisé et sécurisé’’.
Le président Assimi GOÏTA rappelle que le succès de Kidal, ‘‘résulte de l’application rigoureuse dans le plan d’action du gouvernement de la volonté politique largement exprimée par le Peuple malien. En plus de la poursuite des réformes indispensables engagées au profit des forces de défense et de sécurité, les efforts du gouvernement ont porté d’une part sur l’accroissement des capacités opérationnelles à travers l’augmentation des effectifs et l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires. D’autre part, par l’acquisition d’équipements au profil des armées et services pour la préparation et le maintien en condition opérationnelle des troupes. Comme son Premier ministre, Choguel Kokalla MAÏGA, le président de la transition, le colonel Assimi GOÏTA estime que la Refondation ‘‘ne sera possible que dans un environnement apaisé et sécurisé. Elle renvoie fondamentalement aux missions de forces de défense et de sécurité. Toutes choses qui justifient largement la priorité accordée à la composante défense et sécurité dans les Plan d’action gouvernemental. Pour le chef suprême de l’armée malienne, ‘‘le contexte spécifique de notre pays exige la poursuite de l’opération Maliko en coordination avec les autres initiatives de stabilisation dans le centre et dans le Nord pour l’atteindre des objectifs fixés dans le cadre d’une approche globale de la crise multidimensionnelle que nous traversons…Il s’agira donc de consolider les acquis dans la perspective du développement et du maintien des capacités opérationnelles autonomes avec la mutualisation des moyens de l’ensemble des forces de défense et de sécurité pour faire face aux menaces intérieures et transfrontalières’’. Il n’y aucun désaccord entre les positions constantes des deux hommes.
**La position du Premier ministre**
Le discours tenu par le Premier ministre, le Dr Choguel Kokalla MAÏGA, devant la classe politique, le 25 mars 2024, confirme qu’il y a une concordance de vue entre les deux têtes de l’Exécutif. Selon lui, la sécurité est la priorité absolue avant d’envisager des élections. Il met en avant l’exemple d’Haïti où malgré de nombreuses élections, le pays demeure en proie à l’instabilité et à la violence. Pour lui, la démocratie ne peut être construite uniquement à travers des élections, mais nécessite d’abord un environnement sécurisé et pacifié. La question de la sécurité est donc au cœur des divergences entre une partie de la classe politique et l’élite dirigeante. La paix et la sécurité doivent être établies fermement avant de pouvoir envisager un processus électoral serein et démocratique.