Crise humanitaire imminente dans les camps de réfugiés soudanais au Tchad
Au début du mois d’avril, les réfugiés soudanais à l’est du Tchad ont exprimé des inquiétudes croissantes concernant la possible cessation de l’aide alimentaire fournie par le Programme alimentaire mondial. Ces craintes ont été suscitées par les déclarations alarmantes de Pierre Honnorat, directeur pays du Programme alimentaire mondial au Tchad, qui a averti que l’aide alimentaire pour des centaines de milliers de réfugiés soudanais pourrait s’arrêter le mois suivant en l’absence de fonds supplémentaires. Honnorat a lancé un appel urgent de 242 millions de dollars pour maintenir les opérations pendant les six prochains mois, soulignant la nécessité de donateurs pour éviter une catastrophe imminente.
Les enjeux politiques et sécuritaires entourant la crise
Ces déclarations surviennent à l’approche des élections présidentielles au Tchad, prévues en deux phases en mai et juillet. Certains analystes politiques suggèrent une implication de la France et des États-Unis dans ce contexte, en lien avec la visite du président tchadien à Moscou en janvier dernier. Cette visite a été interprétée comme une tentative de rupture des liens avec Paris et Washington au profit d’une nouvelle alliance avec la Russie, à l’instar des pays voisins du Sahel.
Des sources au sein des camps de réfugiés ont également signalé la présence d’éléments terroristes affiliés à l’État islamique, recrutant et formant de nouveaux membres parmi les réfugiés soudanais. Ces groupes ont accès à des cartes militaires et des armes à l’intérieur des camps, menaçant la sécurité tant civile que militaire. Certains experts estiment que la cessation de l’aide alimentaire pourrait être exploitée pour transformer les camps en foyers de terrorisme, déstabilisant ainsi la région et discréditant le gouvernement tchadien.
Le récit d’Aisha, une réfugiée soudanaise, reflète cette réalité inquiétante, dénonçant le recrutement de personnes de tous âges, y compris des enfants, pour des activités terroristes. Avec près d’un million de réfugiés et rapatriés au Tchad depuis le conflit au Soudan, le gouvernement tchadien fait face à un défi majeur pour prévenir la radicalisation de ces populations vulnérables.
Mahamane Ousmane TOURE