Les irrégularités financières au Mali s’élèvent à plus de 50 milliards de F CFA
Selon des services de contrôle et de vérification, les irrégularités financières au Mali entre 2015 et 2023 sont estimées à plus de 50 milliards de F CFA. Cette situation est d’autant plus préoccupante dans un pays où une grande partie de la population peine à subvenir à ses besoins essentiels. En 2023, le vérificateur a publié 23 rapports individuels de vérifications financières, mettant en lumière un montant total d’irrégularités de 43 milliards de F CFA pour la période de 2015 à 2023.
L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) a également fait part de sa contribution à la répression de ces irrégularités financières. De 2019 à 2022, l’OCLEI a transmis à la justice 23 dossiers représentant un montant total de 23,855 milliards de F CFA, soit plus d’un milliard de francs CFA par dossier en moyenne. Le président de l’OCLEI, Dr Moumouni Guindo, a présenté ces chiffres lors de la remise du rapport annuel 2022 au président de la Transition le 28 novembre 2023.
Dans ces dossiers, les enquêtes de l’OCLEI ont permis d’identifier 503 biens immobiliers présumés illicitement acquis, dont 124 maisons d’habitation, 29 bâtiments commerciaux ou professionnels, 285 parcelles et 65 concessions rurales totalisant 181 hectares.
En 2022, l’OCLEI a analysé 32 rapports produits par les structures de contrôle et de régulation. Ces rapports ont révélé des irrégularités financières d’un montant total de 188,876 milliards de F CFA.
Ces chiffres soulèvent la question de l’efficacité des structures de vérification et de prévention de la corruption et de la délinquance financière au Mali. Malgré les efforts déployés, la bonne gouvernance reste une utopie dans le pays. Cette situation est d’autant plus ironique dans une ère démocratique qui était censée éliminer tous les obstacles entravant le développement du pays.
La constitution de la 3e République malienne prévoyait pourtant des mécanismes de bonne gouvernance, tels que le respect des droits et libertés des citoyens et la séparation des pouvoirs. Cependant, ces principes n’ont pas été pleinement respectés et la démocratie est devenue une ressource de survie pour de nombreux Maliens.
Les structures de contrôle et de régulation n’étaient pas suffisamment équipées pour remplir leur rôle de manière efficace. De plus, les rapports qu’elles produisaient n’aboutissaient pas à des poursuites judiciaires, favorisant ainsi la corruption.
Cette situation est également due à un déficit de leadership politique, une crise de la représentation, des difficultés dans la mise en œuvre de la décentralisation, une lenteur dans la réforme de l’administration et une société civile et des médias qui n’ont pas encore acquis le statut de véritables contre-pouvoirs.
Le fossé entre une minorité riche et une majorité de démunis continue de se creuser au Mali. Pour surmonter ces défis, l’État malien doit prendre des mesures pour garantir une réelle bonne gouvernance et favoriser le développement socio-économique du pays. Il est essentiel que les intérêts personnels soient mis de côté au profit de l’intérêt général, afin de mettre fin à l’enrichissement illicite au détriment du Trésor public.
En conclusion, le Mali doit relever de nombreux défis pour parvenir à une véritable bonne gouvernance et garantir le développement du pays. L’élaboration et la mise en œuvre de mesures efficaces sont essentielles pour lutter contre la corruption et la délinquance financière.