Le ministère de l’Éducation nationale du Mali est confronté à des accusations de mauvaise gestion des subventions accordées aux établissements d’enseignement privés. L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI) a publié un rapport mettant en évidence les pratiques douteuses observées dans l’attribution de ces subventions. Selon le rapport, l’État verse en moyenne 49,6 milliards de F CFA chaque année aux écoles privées, ce qui représente suffisamment de fonds pour construire et exploiter 80 nouveaux lycées. De plus, plus de 1 000 écoles fonctionnent avec des arrêtés présumés faux.
Le rapport de l’OCLEI a également révélé des disparités dans les paiements effectués par la Direction générale du budget et la Cellule de planification et de statistiques. Les paiements indiqués par la Direction générale du budget dépassent de 26,288 milliards de F CFA ceux indiqués par la Cellule de planification et de statistiques, ce qui soulève des questions sur la transparence et la gestion des fonds. Le rapport indique également que les données des services techniques du ministère de l’Éducation nationale diffèrent considérablement de celles de la Direction générale du budget. Selon les données de la Direction générale du budget, les subventions s’élèvent à 196,095 milliards de F CFA, tandis que celles de la Cellule de planification et de statistiques s’élèvent à 169,806 milliards de F CFA.
Le Bureau du vérificateur général (BVG) a également examiné la gestion des subventions accordées aux établissements privés d’enseignement secondaire à Bamako et à Kati. Le rapport du BVG révèle des irrégularités financières d’un montant de plus de 19,744 milliards de F CFA pour les années scolaires 2017-2018 à 2021-2022. Ces irrégularités comprennent l’utilisation de faux arrêtés d’ouverture d’établissements privés et le paiement irrégulier de subventions pour des élèves déjà diplômés.
L’OCLEI recommande aux autorités de prendre des mesures pour améliorer la gouvernance du secteur de l’éducation. Cela comprend un contrôle administratif systématique des actes de création et d’ouverture des établissements privés, le respect strict des dispositions réglementaires en matière d’orientation des élèves, l’adoption d’un plan de progression du nombre d’établissements publics, et la fermeture des établissements privés ne respectant pas les conditions d’exercice. L’OCLEI recommande également de traduire en justice les auteurs et complices de la production et de l’utilisation d’arrêtés présumés faux.
Il est temps de mettre fin à ces pratiques de prédation financière au sein du ministère de l’Éducation nationale. Le secteur de l’éducation devrait être un exemple de valeurs, de civisme et de citoyenneté, et non un lieu de détournement de fonds publics. Le nouveau ministre de l’Éducation, Amadou Sy Savané, devra prendre des mesures décisives pour remédier à ces problèmes et restaurer la confiance du public dans le système éducatif.