Pourquoi les coups d’État se produisent-ils en Afrique malgré l’adoption de régimes démocratiques ?
Les coups d’État sont toujours préjudiciables pour un pays et doivent être condamnés afin d’éviter qu’ils ne se reproduisent. Ils ont également un coût économique important, notamment en termes de réduction de l’investissement. La rupture de la légalité constitutionnelle crée un climat d’incertitude qui n’est pas favorable aux investissements privés. De plus, les organisations sous-régionales peuvent imposer des sanctions et suspendre les aides publiques au développement, ce qui dissuade les coups d’État.
Malgré ces inconvénients, nous assistons à une recrudescence des coups d’État en Afrique, même si la plupart des pays du continent ont adopté des régimes démocratiques depuis près de deux décennies. Cette situation soulève une question pertinente à laquelle les Africains et leurs partenaires internationaux doivent réfléchir.
Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte pour comprendre cette situation complexe. Parmi eux, on peut citer la mauvaise gouvernance politique, la corruption, l’insuffisance de formation des militaires aux principes démocratiques, les ingérences extérieures, la passivité des citoyens et la faiblesse du cadre juridique et institutionnel.
C’est sur ce dernier paramètre que nous nous concentrerons dans cet article. En effet, le manque de dispositions et de mécanismes de démission ou de destitution d’un président défaillant ou fautif est souvent à l’origine des coups d’État en Afrique. L’absence de soupape de sûreté conduit à des explosions politiques inévitables.
Pour éviter les coups d’État, il est nécessaire de prévoir la démission ou la destitution des présidents élus en cas de fautes graves ou de rejet massif de la population. La démocratie et le droit international plaident en faveur de l’avis des citoyens d’un pays souverain. Il est donc essentiel que l’UEMOA et la CEDEAO réfléchissent à la mise en place de dispositifs institutionnels et juridiques appropriés plutôt que de se concentrer uniquement sur les sanctions.
La gestion de l’après-coup d’État est également un domaine qui nécessite une analyse approfondie du contexte avant de prendre des décisions. L’application automatique de sanctions sévères, qui pénalisent les populations et isolent le pays sur la scène internationale, peut être disproportionnée si elle se prolonge. Le dialogue doit toujours être privilégié et les objectifs doivent être réalistes, notamment la mise en place d’une transition courte, la réforme du cadre juridique et institutionnel et l’organisation d’élections libres et transparentes pour un retour à l’ordre constitutionnel normal.
Les ingérences extérieures doivent être évitées, en particulier pendant la période de transition, qui est souvent fragile. L’analyse du contexte doit prendre en compte la réaction de la population, même si elle ne correspond pas aux attentes des chefs d’État de la sous-région ou de la communauté internationale. Personne ne peut imposer la démocratie à un pays étranger, et toute pression exercée par les grandes puissances est une forme inacceptable d’ingérence.
Lorsqu’un coup d’État se produit, la priorité doit être de réduire la souffrance du peuple et de garantir un retour à l’ordre constitutionnel normal à travers des élections. Ignorer les rapports de force et la réaction des populations serait une grave erreur. La CEDAO ne doit pas causer de souffrance aux Nigériens, mais plutôt les aider à trouver un consensus national sur la période de transition.
En conclusion, il est essentiel de prévoir des dispositions pour pousser à la démission les présidents élus défaillants. Les organisations sous-régionales doivent privilégier le dialogue et l’analyse du contexte avant de prendre des décisions. Les ingérences extérieures doivent être évitées, et la souffrance du peuple doit être réduite lorsqu’un coup d’État se produit. La démocratie ne peut pas être imposée par la force, et le retour à l’ordre constitutionnel normal doit être le principal objectif de la transition.