L’Alliance des États du Sahel (AES) : une nouvelle approche pour la stabilité régionale
Depuis 2013, le Sahel central, composé du Burkina Faso, du Mali et du Niger, fait face à une crise sécuritaire croissante. Les groupes affiliés à al-Qaïda ou à l’État islamique ont multiplié les attaques violentes, passant de quelques centaines d’incidents au début, à plusieurs milliers aujourd’hui. Malgré les efforts de la communauté internationale, y compris l’intervention militaire française, le déploiement de casques bleus de l’ONU et la création du G5 Sahel et de sa force conjointe, toutes ces initiatives ont échoué.
C’est dans ce contexte que l’Alliance des États du Sahel (AES) a été créée. Annoncée à Bamako le 16 septembre dernier, l’Alliance est née avec la signature de la Charte du Liptako-Gourma par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Elle vise à redéfinir la lutte contre le terrorisme et à renforcer les liens politiques et économiques entre les trois pays. L’objectif ultime est de parvenir à une fédération à long terme.
Lors de la première réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Alliance, qui s’est tenue à Bamako du 30 novembre au 1er décembre 2023, les ministres ont recommandé la création d’une confédération des trois pays. Les ministres des Finances, lors de leur réunion le 25 novembre 2023, ont formulé des recommandations audacieuses pour le développement économique de la région, notamment la réalisation de projets structurants dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et du transport.
L’AES se distingue du G5 Sahel, une autre organisation régionale créée en 2014 pour lutter contre le terrorisme et l’insécurité. Alors que le G5 Sahel dépendait principalement du soutien financier de partenaires internationaux, l’AES est financée par les contributions des États membres. De plus, l’Alliance donne aux États membres un leadership total dans les décisions stratégiques et opérationnelles.
Le G5 Sahel a échoué pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il dépendait financièrement de l’extérieur, ce qui a conduit à des promesses de soutien financier non tenues. Ensuite, l’accent mis sur la lutte contre le terrorisme a négligé les aspects liés au développement, ce qui a limité les progrès dans le retour de l’État et dans le développement de la région. De plus, le renforcement des armées locales par la formation s’est révélé insuffisant pour faire face à la menace djihadiste.
Une autre difficulté du G5 Sahel résidait dans la multitude d’acteurs et d’initiatives dans la région. Avec l’Alliance Sahel, l’UE, la France et d’autres partenaires ont lancé des initiatives distinctes, ce qui a conduit à un manque de coordination et d’efficacité dans la réponse à la crise.
L’Alliance des États du Sahel représente donc un changement d’approche dans la quête de stabilité régionale. En misant sur la mutualisation des forces des États membres, elle vise à renforcer la défense collective et l’assistance mutuelle. En donnant aux États membres un leadership total, l’Alliance promet une meilleure coordination et une plus grande efficacité dans la lutte contre le terrorisme et le développement de la région.
En résumé, l’Alliance des États du Sahel est une initiative sahélienne qui vise à redéfinir la lutte contre le terrorisme et à renforcer les liens politiques et économiques entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Elle se distingue du G5 Sahel par son financement assuré par les contributions des États membres et par le leadership total donné aux États membres dans les décisions stratégiques et opérationnelles. Cette nouvelle approche promet une meilleure coordination et une plus grande efficacité dans la quête de stabilité régionale.