Investigation sur l’affaire Lafarge : implications et questions
Une enquête menée par Mediapart et le journaliste Fabrice Arfi a récemment mis en lumière l’implication présumée de Lafarge, leader mondial dans le secteur du ciment, dans le financement de groupes terroristes en Syrie, notamment Daech. L’article publié récemment a révélé des détails inédits sur cette affaire, mettant en lumière les liens entre Lafarge et les autorités françaises, en particulier les services de renseignement et le ministère des Affaires étrangères.
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Lafarge et de neuf personnes pour financement de groupes terroristes en raison de leurs activités en Syrie en 2013 et 2014, ainsi que pour violations d’embargos internationaux.
Selon les informations rapportées par Mediapart, une enquête judiciaire a révélé que Lafarge aurait versé environ 5 millions d’euros à des groupes terroristes entre 2012 et 2014 pour maintenir son usine en Syrie. Les États-Unis ont également infligé une amende de 778 millions de dollars à Lafarge en 2022 pour ces agissements qualifiés de « crime ahurissant ».
Implications des services de renseignement et du Quai d’Orsay
Concernant l’implication des services de renseignement français, le PNAT a souligné qu’il n’existait pas de preuve démontrant qu’ils avaient encouragé ou facilité les actions illégales de Lafarge. Les liens entre des cadres de Lafarge et les services de renseignement français sont évoqués, mais le PNAT insiste sur la responsabilité individuelle des cadres de l’entreprise dans ces agissements.
Quant au rôle du ministère français des Affaires étrangères, des échanges entre le Quai d’Orsay et des responsables de Lafarge ont été observés au moment où la situation en Syrie se dégradait. Cependant, le parquet antiterroriste réfute toute théorie selon laquelle l’État français aurait incité l’entreprise à commettre des actes répréhensibles.
Malgré les accusations et les réquisitoires, l’affaire Lafarge soulève des questions cruciales sur le rôle de l’État français, de ses services de renseignement et de ses institutions diplomatiques. Les investigations en cours visent à éclaircir les zones d’ombre entourant cette affaire complexe et sensible.