Les mutations politiques en Afrique subsaharienne depuis les années 1990
Après la chute du mur de Berlin, un tournant décisif s’est opéré en Afrique subsaharienne, libérant en partie les forces sociales et politiques longtemps réprimées. Les conférences nationales ont fleuri, marquant le début de transformations profondes dans la région. En parallèle, des événements emblématiques comme la libération de Nelson Mandela en 1990 ont marqué cette époque charnière, contribuant à l’émergence d’une société civile et politique en mouvement.
Aujourd’hui, la population urbaine dépasse en moyenne la population rurale. Cependant, les politiques économiques imposées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale dans les années 1990 ont eu des conséquences désastreuses sur le plan social, laissant des secteurs clés comme l’éducation et la santé en situation critique.
Les défis persistants de la démocratisation en Afrique subsaharienne
La démocratisation n’a pas progressé de manière homogène dans la région. Certains pays comme le Mali, le Bénin, le Sénégal ou le Botswana ont encore des avancées à faire, tandis que d’autres, tels que le Burkina Faso, le Niger, le Cameroun, le Togo ou le Kenya, font face à des défis plus complexes, voire à des échecs. La multiplication des partis politiques, souvent créés par des opposants, contribue à une fragmentation du paysage politique, compliquant la compréhension des enjeux démocratiques.
Les détenteurs du pouvoir politique se retrouvent souvent isolés, entourés de courtisans qui ne font que renforcer leur solitude. La surcharge d’informations partielles ou biaisées complique leur capacité à réfléchir et à prendre des décisions éclairées. Dans un contexte où une grande partie de la population vit dans la pauvreté, les dirigeants politiques doivent jongler entre les intérêts personnels, les pressions politiques et les besoins urgents de la société.
Les dirigeants politiques en Afrique subsaharienne doivent faire face à un système politique verrouillé, où l’arrivée de nouvelles figures est souvent perçue comme une menace. Cette situation a conduit à une concentration du pouvoir entre les mains d’une élite politique vieillissante, parfois dépassant l’âge de la retraite. Pourtant, pour provoquer des changements significatifs, il ne suffit pas d’avoir la compétence ou la volonté : ce sont les politiques, investis de légitimité populaire, qui ont le pouvoir de transformer la société.
Les compétences des technocrates doivent être complétées par une légitimité politique pour peser dans les décisions politiques. Les politiques, parfois craintifs des compétences trop pointues, doivent apprendre à tirer parti de ces expertises pour relever les défis complexes auxquels sont confrontés les pays africains.
Safounè KOUMBA