Les coûts d’accès au financement jugés élevés par la majorité des chefs d’entreprises
Dans le rapport de l’enquête sur le climat des affaires dans le secteur industriel, publié récemment par le ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), il ressort que 91% des chefs d’entreprises trouvent les coûts d’accès au financement élevés. Seulement 6% les trouvent moyens et 3% les trouvent faibles. Ces coûts comprennent les charges liées au taux d’intérêt, à l’assurance et au courtage.
Des conditionnalités contraignantes et un manque d’appuis financiers de l’État
L’enquête révèle également que 59% des chefs d’entreprises considèrent les conditionnalités imposées par les banques comme contraignantes, tandis que seulement 11% les trouvent acceptables. De plus, 91% des chefs d’entreprises estiment que les appuis financiers de l’État restent insuffisants, bien que 61% d’entre eux n’en aient pas connaissance.
Pour améliorer l’accès au financement, les chefs d’entreprises appellent l’État à mettre en œuvre les mesures déjà envisagées pour surmonter les difficultés. Parmi ces mesures figurent la mise en place de structures dédiées au financement des entreprises (BCPME, BSTP, etc.), l’application de la loi sur le crédit-bail, l’ouverture de guichets de financement alternatifs (loi sur l’affacturage, etc.) et la création de structures de garantie de financement.
Une enquête réalisée sur un échantillon représentatif
Selon le Minepat, l’enquête a été menée du 14 août au 13 septembre 2023 auprès d’un échantillon de 1000 entreprises, sélectionnées dans chacune des dix régions du pays. Les entreprises ont été invitées à remplir un questionnaire électronique, soit directement sur une plateforme en ligne, soit lors d’échanges directs avec les équipes du ministère de l’Économie. L’objectif de cette enquête était d’évaluer la perception du climat des affaires dans le secteur industriel, notamment en ce qui concerne l’accès au financement, l’accès au marché et l’accès aux facteurs de production, ainsi que les actions entreprises par l’État pour l’améliorer.
Dans le cadre de sa Stratégie nationale de développement (SND 30), le Cameroun s’est fixé des objectifs ambitieux pour le secteur secondaire. L’État s’est engagé à augmenter la part de ce secteur dans le PIB de 28,2% en 2018 à 36,8% en 2030, à faire passer la valeur ajoutée manufacturière de 12,9% en 2016 à 25% en 2030 et à augmenter la part des exportations de produits manufacturés à 54,5% en 2030. Au deuxième trimestre 2023, le secteur secondaire représentait seulement 1,8% du PIB par rapport à la même période de l’année précédente. Selon une récente analyse des comptes nationaux publiée par l’Institut national de la statistique (INS), ce secteur a généré 1 688,2 milliards FCFA.
En conclusion, l’enquête met en évidence les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises du secteur industriel au Cameroun en matière d’accès au financement. Les coûts élevés et les conditionnalités contraignantes sont des obstacles majeurs. Pour atteindre les objectifs fixés pour le secteur secondaire, il est essentiel que l’État mette en place les mesures nécessaires pour faciliter l’accès au financement des entreprises.