Les forces de sécurité sénégalaises ont dispersé de manière violente les manifestations contre le report de l’élection présidentielle et le pouvoir du président Macky Sall, entraînant la mort d’un étudiant et exacerbant la crise politique en cours.
Des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Saint-Louis, où un étudiant en géographie, Alpha Yoro Tounkara, a été tué. Les autorités n’ont pas encore communiqué de bilan officiel sur ces violences.
À Dakar, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui tentaient de se rassembler près de la place de la Nation lors d’une journée visant à tester le rapport de force entre le pouvoir, la société civile et l’opposition. Les routes principales ont été bloquées et les accès à la place de la Nation ont été fermés par les autorités.
Les journalistes ont également été pris pour cible lors de ces manifestations. Reporters sans Frontières a dénoncé le ciblage d’au moins 5 journalistes par les policiers, dont une a été hospitalisée suite à un malaise. Des violences ont également visé le siège de la télévision privée Walf TV, dont la licence a récemment été retirée par les autorités.
Ces manifestations sont les premières d’envergure depuis le report de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février. Ce report a suscité une grave crise politique au Sénégal et plongé le pays dans une période d’incertitude.
L’opposition qualifie ce report de « coup d’État constitutionnel » et soupçonne une manœuvre visant à éviter la défaite du candidat du camp présidentiel ou à maintenir le président Sall au pouvoir pendant plusieurs années. Un collectif de 14 candidats de l’opposition a déposé un recours devant la Cour suprême pour contester cette décision.
Le collectif Aar Sunu Election, qui prévoit une autre manifestation mardi, souhaite protester pacifiquement. Plusieurs candidats opposés au changement de calendrier ont exprimé leur volonté de convergence avec la société civile.
Le président Sall a annoncé le report de l’élection présidentielle trois semaines seulement avant l’échéance, en pleine controverse sur les candidatures retenues ou écartées pour le scrutin. L’Assemblée nationale a approuvé cet ajournement au 15 décembre et a voté le maintien de M. Sall au pouvoir jusqu’à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025.
Cette crise politique a déjà causé des dizaines de morts et des centaines d’arrestations depuis 2021 lors de différents épisodes de contestation. Le Sénégal est plongé dans une période d’incertitude, avec une opposition déterminée à défendre ses droits démocratiques et un pouvoir qui fait face à une contestation croissante de la société civile.
La situation reste tendue et l’avenir politique du pays est incertain. Les prochains jours seront décisifs pour le Sénégal, qui devra trouver une issue à cette crise et rétablir un climat de confiance entre toutes les parties concernées.