La crise énergétique au Mali est plus profonde que ce que la plupart des gens imaginent, selon un récent « Mémorandum » publié par la Société Malienne des sciences appliquées (MSAS). Ce document, qui est le résultat d’une réflexion approfondie menée par des scientifiques maliens, met en évidence les nombreux défis auxquels la société Energie du Mali (EDM-SA) est confrontée depuis plusieurs années.
Le mémorandum examine en détail la situation actuelle de l’approvisionnement et de la production d’énergie électrique au Mali, ainsi que l’impact de l’utilisation des centrales thermiques sur le coût de l’électricité. Il explore également le potentiel des énergies renouvelables, telles que l’hydroélectricité et le photovoltaïque, et aborde les défis de gouvernance auxquels fait face la société EDM-SA.
Selon la MSAS, la crise énergétique au Mali est en partie due à l’approvisionnement en hydrocarbures. En tant que pays non producteur de pétrole, le Mali dépend entièrement des importations d’hydrocarbures, ce qui entraîne des difficultés liées aux coûts élevés et à un manque de contrôle sur la chaîne d’approvisionnement. De plus, le marché malien des hydrocarbures est soumis à des taxes élevées dans les pays de transit, ce qui aggrave encore la situation.
Le document met également en lumière la faible capacité de stockage d’hydrocarbures du pays, qui ne permet de stocker que l’équivalent de 17 jours de réserve par rapport à la consommation annuelle. Cette capacité de stockage est restée presque constante depuis 2009, ce qui met en évidence le manque d’investissements dans des centrales de production à moindre coût.
En conséquence, la société EDM-SA a dû acheter 855 millions de litres de combustibles entre 2015 et 2021, ce qui représente près de 570 milliards de F CFA. Cette dépendance aux importations pétrolières et la préférence accordée aux centrales thermiques ont un impact significatif sur le système d’approvisionnement énergétique du pays.
En plus de ces problèmes, la société EDM-SA est confrontée à des défis tels qu’une gouvernance déficiente, une faible capacité de production et une augmentation constante de la demande, ainsi que des pertes techniques et non techniques élevées. De plus, la difficulté de mobiliser les financements nécessaires pour les investissements dans le secteur de l’énergie et les procédures administratives longues et complexes pour la construction de centrales de production d’électricité entravent le développement de grands projets d’énergies renouvelables.
Le mémorandum de la MSAS formule des recommandations pour résoudre ces problèmes à court, moyen et long termes. À court terme, il est recommandé de mettre en place un plan d’urgence visant à réduire la consommation et à augmenter la production d’électricité. Cela comprend des actions telles que des campagnes d’économie d’énergie, des incitations pour les clients industriels à réduire leur consommation pendant certaines heures de la journée, des délestages pour les clients domestiques si nécessaire, et la négociation d’accords d’approvisionnement avec d’autres pays.
À moyen et long termes, il est recommandé d’adopter une loi de programmation énergétique qui tient compte de la croissance de la demande et qui oblige les pouvoirs publics à investir dans des technologies de production d’énergie électrique fiables, durables et à moindre coût. Il est également suggéré de cesser les nominations à caractère politique au sein de la société EDM-SA et d’accorder les pouvoirs nécessaires au conseil d’administration pour atteindre les objectifs fixés. De plus, il est recommandé de réduire progressivement les subventions accordées aux centrales thermiques et d’encourager l’autoproduction d’énergie basée sur les énergies renouvelables.
Il est clair que la crise énergétique au Mali ne peut être résolue qu’en mettant en œuvre des mesures à court, moyen et long termes pour diversifier les sources d’énergie, réduire la dépendance aux importations pétrolières et améliorer la gouvernance de la société EDM-SA. Ces recommandations, si elles sont suivies, pourraient aider le pays à sortir de cette impasse énergétique et à assurer un approvisionnement électrique plus fiable et abordable pour tous.