L’espoir suscité par la nomination de Catherine Colonna au Quai d’Orsay en mai 2022, en remplacement de Jean-Yves Le Drian, a rapidement été terni par le bilan mitigé de la ministre chiraquienne. Malheureusement, elle n’a bénéficié d’aucune marge de manœuvre de la part de l’Élysée, ce qui a entravé son action en Afrique.
L’arrivée de l’ancienne porte-parole de Jacques Chirac laissait présager un changement de cap dans la diplomatie française envers l’Afrique, en abandonnant la politique verticale faite d’injonctions et de coups d’éclat, chère au duo Macron-Le Drian. Au cours de la première année de son mandat, Catherine Colonna a donné l’impression que le traitement des dossiers africains avait évolué au Quai d’Orsay. Un exemple en est le Rapport des Nations unies sur le massacre de Moura au Mali. Alors que Jean-Yves Le Drian aurait certainement réagi en critiquant le pouvoir militaire de transition, Catherine Colonna a choisi de ne pas s’exprimer publiquement sur le sujet, laissant cette responsabilité au Représentant permanent de la France à l’ONU, Nicolas de Rivière.
Dans de nombreuses capitales africaines, ainsi que parmi de nombreux acteurs de la société civile du continent, Catherine Colonna a bénéficié du contraste avec le bilan médiocre laissé par Jean-Yves Le Drian. Les épisodes malheureux en Centrafrique et au Mali, où Le Drian a créé la surprise et l’incompréhension en annonçant le retrait de l’armée française sans en avoir préalablement discuté avec le président centrafricain, sont encore dans les mémoires. En réalité, le changement de style n’a pas conduit à une nouvelle vision des dossiers africains, car Emmanuel Macron est resté le seul décisionnaire, plus impérial que jamais.
Catherine Colonna n’a eu aucune marge de manœuvre, se contentant de suivre les directives de Macron. Elle est maintenant responsable de l’aveuglement de la France dans la crise au Niger. Tout le monde, sauf Macron, a réalisé que la diplomatie française se trompait en refusant de répondre aux demandes des militaires à l’origine du coup d’État du 26 juillet, notamment le rappel de l’ambassadeur de France à Niamey et le retrait des 1500 soldats français du pays. Finalement, en septembre 2023, Macron a dû céder sans aucune contrepartie aux demandes du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Colonna et ses diplomates n’ont pas su influencer les décisions dénuées de sens de l’Élysée.
Ironiquement, l’ancienne cheffe de la diplomatie française pourrait même être soulagée de quitter son poste. Pendant tout ce temps, le véritable chef du Quai d’Orsay a été Macron lui-même. Il n’est pas certain que les processus décisionnels changent réellement avec l’arrivée de Stéphane Séjourné, 38 ans, à la tête du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Bien qu’il soit plus proche de Macron que Colonna, Séjourné connaît moins les dossiers africains que son prédécesseur, qui avait été initiée au continent par Jacques Chirac.
Avec son profil, il est peu probable que le nouveau ministre de l’Europe et des Affaires étrangères manifeste un grand intérêt pour les dossiers africains. En d’autres termes, il y a peu de chances que la France retrouve le terrain perdu en Afrique, en particulier au Sahel, d’ici la fin du quinquennat de Macron.
Source: https://mondafrique.com/