Le ministère du travail et de la Fonction publique a récemment annoncé l’ouverture des dépôts des dossiers pour les concours d’entrée à la fonction publique. Parmi les postes à pourvoir, on retrouve des cadres des Arts et de la Culture ainsi que des administrateurs du Tourisme et des Actions sociales. Cependant, les diplômés de la Faculté d’Histoire et de Géographie (FHG) ont été rejetés par les agents chargés de la réception des dossiers, ce qui a des conséquences importantes.
Depuis 2008, aucun des diplômés de la FHG, notamment du Département Histoire-Archéologie, n’a pu participer aux concours de la fonction publique organisés par l’Etat malien. On peut se demander si cela est dû à un manque de débouchés ou à une méconnaissance des métiers liés à la formation en histoire et géographie. Auparavant, les diplômés d’Histoire Archéologie et de Géographie pouvaient participer aux concours d’entrée à la fonction publique, alors qu’est-ce qui bloque aujourd’hui leur participation ?
Après l’ouverture des dépôts de dossiers par le ministère de la Fonction publique, certains diplômés de la FHG ont constitué leurs dossiers dans l’espoir de tenter leur chance aux concours d’entrée. Cependant, le personnel du Centre National des Concours de la Fonction Publique a refusé catégoriquement d’accepter les dossiers de certains diplômés de la FHG, sans même vérifier si leur formation correspondait aux postes demandés. Comment expliquer que le diplôme d’Histoire et de géographie ne puisse pas être utilisé pour les postes de cadre des Arts et de la Culture ainsi que pour ceux des administrateurs du tourisme ? Cela signifie que des milliers de jeunes sont exclus par l’Etat et souffrent du chômage depuis plus de 15 ans, sans voix ni moyens, et ne peuvent plus participer à ces concours. Après avoir obtenu leurs diplômes dans des conditions difficiles et souvent inadéquates pour étudier, ils perdent tout espoir.
Les diplômés de la FHG sont mécontents et préoccupés par cette marginalisation et cette inégalité de chances qui dure depuis des années. Ils ont entrepris des démarches auprès de certains ministères pour remédier à cette situation, mais jusqu’à présent, leurs efforts ont été vains. Il est triste de constater que les autorités ne prennent en considération leurs revendications que lorsqu’elles sont accompagnées de manifestations violentes. Est-ce vraiment nécessaire de recourir à de telles méthodes pour se faire entendre et obtenir ses droits ? Quoi qu’il en soit, l’exclusion des jeunes diplômés de la FHG a des conséquences importantes.
En effet, la non-participation des diplômés de la FHG aux concours d’entrée à la fonction publique a plusieurs conséquences : elle impacte leur avenir, affecte la réputation de la FHG et contribue à l’aggravation du chômage. Chaque année, plus de 5000 étudiants sortent de la FHG avec leur diplôme en main, pour se retrouver au chômage, alors que les compétences de cette grande faculté ne sont pas utilisées par l’Etat malien depuis plus d’une décennie.
En dehors du concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Bamako, les diplômés de la FHG, en particulier en Histoire-Archéologie, ne peuvent pas participer à d’autres concours. Cela signifie qu’à la fin de leurs études, la plupart des diplômés de la FHG se retrouvent dans des secteurs d’activités informels qui n’ont aucun lien avec leur formation universitaire. C’est vraiment dommage.
Le Mali est un pays avec une histoire et une culture riches et reconnues dans le monde entier. Cependant, en raison des problèmes d’employabilité après des études universitaires et de l’inégalité des chances lors des concours d’entrée à la fonction publique, la majorité des jeunes étudiants se détournent de l’apprentissage de l’histoire et de la géographie chaque année. Il est alarmant de constater que le nombre d’étudiants à la FHG diminue chaque année.
Face à cette situation, quel sera le Mali de demain sans l’Histoire et la Géographie ? Ne devrions-nous pas éviter le pire tant qu’il est encore possible ? Comme on le dit, « un peuple qui connaît son histoire et sa géographie est un peuple décomplexé, capable de donner sa vie pour défendre sa patrie et son terroir ».
Les diplômés de la FHG peuvent concourir à différents niveaux, comme à l’ENA au poste de Conseillers des Affaires étrangères, mais malheureusement, à l’exception du Master d’Histoire des Relations internationales, le diplôme de Licence d’Histoire ne permet pas de participer à ce concours. Cependant, le diplôme d’Histoire et de Géographie peut être utilisé pour de nombreux postes, notamment dans les directions rattachées au ministère de la Culture et du Tourisme, au ministère de l’Urbanisme et du Développement des Actions sociales, au ministère des Affaires étrangères et dans l’administration territoriale.
Alors, d’où vient ce blocage ?
Boubacar Bani TRAORE, Stagiaire