La crise nigérienne a conduit le pays à perdre tout espoir de normalisation de ses relations avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Malgré les efforts déployés lors de la première mission de bons offices menée par le général nigérian Abdousalami Aboubacar en août dernier, aucune avancée significative n’a été réalisée. La CEDEAO a préféré mobiliser une force militaire plutôt que de convoquer un sommet décisionnel des chefs d’État pour résoudre la crise. Les sanctions très dures imposées par la CEDEAO au Niger ont également contribué à la détérioration des relations entre les deux parties.
Une délégation de la CEDEAO a finalement été annoncée à Niamey le 25 janvier, suscitant l’espoir d’une levée des mesures restrictives qui frappent le pays. Cependant, les ministres des Affaires étrangères de Sierra-Leone, du Bénin et du Nigéria ont finalement annulé leur visite, arguant des problèmes mécaniques à Abuja. Cette annulation a renforcé la conviction des autorités nigériennes selon laquelle la CEDEAO joue un double jeu.
La naissance de l’Alliance des États du Sahel au sein de la CEDEAO a également été mal perçue par cette dernière. Cette entité, formée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, représente une menace géostratégique pour l’Afrique de l’Ouest, ainsi que pour les États-Unis et la France. Les pressions américaines sur Abuja et Abidjan ont contribué au durcissement des positions de la CEDEAO. Les États-Unis ont notamment fait pression pour maintenir les sanctions lors du sommet décisif de la CEDEAO le 10 décembre.
Le Niger se tourne désormais vers d’autres partenaires, notamment la Russie. Le pays estime n’avoir d’autre choix que de chercher de l’aide ailleurs, alors que les liens avec la CEDEAO sont rompus. La présence de la plus grande base de drones américaine sur le continent, près d’Agadez, complique également toute intervention militaire de la CEDEAO. Le Niger, le Mali et le Burkina Faso sont désormais liés par leur destin commun, conscients que la chute de l’un d’entre eux entraînerait celle des autres.
La prochaine étape clé de cette tectonique des plaques en cours au Sahel sera la négociation avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), présidée par Alassane Ouattara. Selon l’issue de cette négociation, le mouvement du Mali, du Niger et du Burkina Faso vers les BRICS pourrait être accéléré ou ralenti, bien qu’il semble inéluctable. La survie de l’UEMOA est également en jeu, car un départ des trois pays du Sahel central pourrait déstabiliser gravement le marché financier régional et la Banque centrale d’Afrique de l’Ouest.