Le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu, a vivement critiqué l’Alliance des États du Sahel (AES) lors du 64e sommet de la CEDEAO à Abuja. Cette alliance, formée par le Mali, le Niger et le Burkina Faso dans le but de créer une union économique voire monétaire dans la région, est considérée par Tinubu comme une tentative de détourner l’attention de la quête mutuelle de démocratie et de bonne gouvernance de la CEDEAO. Il a également déclaré que la CEDEAO était disposée à engager un dialogue avec les régimes militaires sur la base de transitions raisonnables. Tinubu n’est pas le seul à s’opposer à la création de l’AES au sein de la CEDEAO. Plusieurs de ses pairs estiment que cela risque de mettre en péril les intérêts de l’organisation sous-régionale.
Le Niger fait face au chantage de la CEDEAO alors que les autorités nigériennes cherchent à lever les sanctions économiques qui affectent gravement la population. Lors du sommet d’Abuja, la CEDEAO a proposé à la junte militaire nigérienne une transition courte, à condition de libérer Mohamed Bazoum et sa famille, détenus depuis le 26 juillet. Cependant, pour la junte, cette ouverture de la CEDEAO ressemble à un chantage. Dans une interview accordée à la télévision nationale, le chef de la junte, le Général Abdramane Tiani, a déclaré que la famille de Bazoum avait été libérée deux jours après le coup d’État, mais Bazoum aurait refusé leur libération tant qu’il n’était pas libéré lui-même. Les militaires de la junte ne se font aucune illusion sur le fait que l’organisation sous-régionale est manipulée par une puissance occidentale qui voit ses intérêts menacés au Niger avec le départ de Bazoum.
L’une des décisions prises lors du sommet de la CEDEAO est la levée de l’interdiction de voyage pour le président de la Transition malienne, Assimi Goita, et son Premier ministre, Choguel Maiga. Cependant, cela semble être un non-événement pour le gouvernement malien qui voit cette décision comme un autre signe de la CEDEAO qui lâche du lest dans ses contradictions internes. De plus, le président Patrice Talon a été désigné pour une mission au Mali dans les prochains jours, ce qui risque d’être mal accueilli par les autorités de la Transition malienne.
En résumé, la CEDEAO est confrontée à des tensions internes dues à la création de l’Alliance des États du Sahel et à ses décisions controversées concernant le Niger et le Mali. Les luttes de pouvoir et les intérêts divergents menacent l’intégrité de l’organisation sous-régionale.