Le ministre sierra-léonais des Affaires étrangères ne se rend pas au rendez-vous avec le Premier ministre du Niger
Le ministre sierra-léonais des Affaires étrangères, Timothy Musa Kabba, mandaté par la Communauté économique d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour négocier la résolution de la crise avec le Niger, ne s’est pas rendu au rendez-vous convenu jeudi à Niamey avec le Premier ministre Lamine Zeine. Son homologue togolais, Robert Dussey, le deuxième membre de l’équipe de négociation désigné par la CEDEAO, l’a attendu en vain. La Commission de la CEDEAO, dirigée par le Gambien Omar Aliou Touray, a exprimé son incompréhension face à cette absence. Il a également révélé qu’une somme de 72 000 euros avait été versée pour affréter un avion devant transporter le ministre sierra-léonais des Affaires étrangères ainsi que ses homologues du Bénin et du Nigeria à Niamey depuis Abuja.
Le Premier ministre du Niger n’a pas fait obstacle à la venue des représentants du Bénin et du Nigeria, en plus des deux négociateurs officiels. Le Niger subit depuis six mois des sanctions financières et commerciales très dures de la part de la CEDEAO et souhaite leur levée.
Lamine Zeine a tenu une conférence de presse jeudi pour démentir une rumeur selon laquelle les autorités nigériennes auraient interdit à la délégation de se poser à Niamey. Il a présenté les autorisations de survol et d’atterrissage accordées aux deux avions en provenance de Lomé et d’Abuja. Il a déclaré : « Malheureusement, aujourd’hui encore, en dehors du Togo, la CEDEAO, malheureusement, n’est pas arrivée. Ils ont prétexté n’avoir pas l’autorisation de survol et d’atterrissage sur notre territoire. Cela n’est pas fondé. Nous allons vous remettre les copies des deux autorisations. (…) Nous sommes dans l’obligation de constater qu’il y a une mauvaise foi de cette organisation et probablement des pays qui sont derrière et qui poussent à ne pas permettre à ce que notre pays puisse sortir de cette trappe de punition qu’on lui impose. »
L’ambiguïté américaine
Certains se demandent si ce double jeu diplomatique de la CEDEAO ne cache pas l’influence des grandes puissances occidentales, en particulier la France et les États-Unis. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a réitéré lors d’une entrevue avec RFI à Abidjan son exigence de libération du président Mohamed Bazoum, qu’il a qualifié de « très bon leader pour le Niger et très bon partenaire pour notre pays ». Il a ajouté que la libération du président était « une nécessité pour que le Niger se remette sur la route de la démocratie, qu’on en finisse, qu’il y ait une transition très claire et dans un délai court pour un retour au système démocratique ». Il a assuré que ces conditions permettront de reprendre la coopération suspendue depuis le coup d’État.
Selon certaines sources, les États-Unis auraient imposé à la CEDEAO de nommer la Sierra Leone au sein de la mission chargée de négocier avec le Niger. Agadez, la capitale du nord du Niger, abrite depuis plusieurs années la plus grande base de drones militaires américaine en Afrique. Bien que les États-Unis aient semblé plus souples que la France à l’égard de la junte militaire au lendemain du coup d’État du 26 juillet, leur position a été remise en question lorsqu’ils ont soutenu un projet d’évasion de Mohamed Bazoum en octobre dernier.
La CEDEAO a publié un communiqué en fin de journée jeudi, affirmant que sa délégation avait passé toute la journée à l’aéroport d’Abuja, prête à se rendre à Niamey. Cependant, en raison de problèmes techniques avec l’avion affrété par la Commission, le vol spécial n’a pas pu être effectué. La CEDEAO a présenté ses excuses aux autorités nigériennes et s’est engagée à fixer une nouvelle date pour la mission dans les plus brefs délais.
Résumé de cette actualité
Le ministre sierra-léonais des Affaires étrangères, Timothy Musa Kabba, n’a pas assisté à la réunion prévue avec le Premier ministre du Niger, Lamine Zeine, malgré son mandat officiel de la CEDEAO pour négocier la résolution de la crise. Les autorités nigériennes ont démenti les rumeurs selon lesquelles elles auraient interdit l’atterrissage de la délégation à Niamey. Certains s’interrogent sur l’influence des grandes puissances occidentales, notamment la France et les États-Unis, dans ce double jeu diplomatique de la CEDEAO. Les États-Unis auraient imposé la participation de la Sierra Leone à la mission de négociation avec le Niger. La CEDEAO a annoncé qu’en raison de problèmes techniques, le vol spécial de la délégation de la CEDEAO n’a pas pu être effectué, mais elle s’est engagée à fixer une nouvelle date pour la mission.