Le Sénégal reporte la Présidentielle pour la première fois depuis 1963, ce qui a provoqué un séisme politique dans le pays. Le président Macky Sall a abrogé le décret sur la convocation du corps électoral quelques heures avant l’ouverture officielle de la campagne électorale. Cette décision a été prise en raison de l’éviction de plusieurs candidats importants, tels que Karim Wade, fils de l’ancien président, par le Conseil Constitutionnel. Les députés ont également voté pour ouvrir une enquête parlementaire. Cette situation a provoqué une réaction massive des jeunes sénégalais, qui représentent 75% de la population, réclamant un changement radical de politique et le départ du gouvernement en place.
Le président Macky Sall cherchait à imposer son dauphin, Amadou Ba, comme successeur, ce qui a créé des divisions entre les différents clans au pouvoir. De plus, l’utilisation de la justice pour éliminer les principaux opposants a plongé le processus électoral sénégalais dans une impasse totale, comme en témoignent les affrontements qui ont eu lieu à Dakar le 4 février. La suspension de l’élection présidentielle ne règle en rien la situation, et le pays est confronté à de profondes turbulences.
Il est important de noter que le président Macky Sall a été contraint de ne pas briguer un troisième mandat par l’État profond sécuritaire du Sénégal. Son retrait de la compétition présidentielle avait été accueilli avec soulagement, mais il semble maintenant que le pays soit plongé dans une crise socio-politique.
Le choix d’Amadou Ba comme dauphin du président a également suscité des doutes au sein de la coalition présidentielle. Bien qu’il soit reconnu pour ses qualités de grand commis de l’État, il n’a pas la réputation d’un homme politique charismatique. De nombreux anciens collaborateurs de Macky Sall ont déjà décidé de se présenter contre Amadou Ba, ce qui ajoute à l’incertitude quant à sa capacité à remporter l’élection présidentielle.
La France a également été piégée dans cette situation. En recevant Amadou Ba à Paris, le gouvernement français a été critiqué pour son ingérence présumée dans les affaires politiques du Sénégal. Cette démarche a été perçue comme une erreur de la diplomatie française en Afrique, notamment compte tenu des violences politiques qui ont secoué le pays dans le passé.
Enfin, il est important de souligner que l’armée est également un acteur clé dans cette situation politique. Le président Macky Sall a cherché à neutraliser son opposant le plus en vue, Ousmane Sonko, en dissolvant sa formation politique et en limogeant les membres de la Commission électorale nationale autonome. Cependant, ces mesures risquées ne garantissent pas la victoire de son dauphin.
En résumé, le report de l’élection présidentielle au Sénégal a plongé le pays dans une crise politique sans précédent. Les divisions entre les clans au pouvoir, l’utilisation de la justice pour éliminer les opposants et l’incertitude quant à la capacité du dauphin choisi par le président à remporter l’élection ont créé une situation instable. De plus, l’ingérence présumée de la France a suscité des critiques. Le pays est actuellement confronté à de profondes turbulences et l’avenir politique du Sénégal reste incertain.