La vision d’un Mali nouveau, bien gouverné, sécurisé, stable et respectueux des droits de l’Homme et des valeurs socioculturelles a été exprimée lors des Assises nationales de la refondation (ANR) et résumée dans le « Cadre stratégique de la Refondation de l’État ». En 2023, des actions concrètes ont été entreprises pour concrétiser cette vision, et il est important de les renforcer cette année.
La nouvelle constitution adoptée par la majorité des Maliens lors du référendum du 18 juin 2023 et promulguée par le président de la Transition le 22 juillet 2023 constitue un pas important dans la refondation de l’État. Cela marque l’avènement de la 4e République au Mali, en plus de la Charte de la Transition.
Sur le plan de la sécurité et de la reconquête de l’intégrité territoriale, l’année 2023 a été marquée par la montée en puissance des Forces de défense et de sécurité (FDS) du Mali. Les Forces armées maliennes (FAMa) ont réussi à prendre le contrôle de Kidal le 14 novembre et d’Aguelhoc le 20 décembre 2023. De nombreux ennemis de la république ont également été neutralisés, comme le Colonel déserteur de la Garde nationale, Hassan Ag Fagaga, tué par les FAMa le 21 décembre 2023. La création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) le 16 septembre 2023 a renforcé la synergie de combat contre des groupes tels qu’Iyad et Amadou Kouffa.
Cependant, malgré ces avancées, les tragédies, comme l’attaque du bateau « Tombouctou » le 5 septembre, qui a causé la mort de centaines de personnes, ne doivent pas être oubliées. Cet acte odieux a été attribué aux éléments du Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), alliés à Iyad Ag Ghali.
En 2023, la diplomatie malienne a également connu une percée, devenant un outil de la souveraineté retrouvée du pays. La rupture avec la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA), qui devait achever son retrait définitif le 31 décembre 2023, a marqué cette évolution.
Ces acquis créent de nouveaux défis pour le Mali. Le défi principal est la sécurité, car de nombreux « ennemis » ont parié que le pays sombrerait entre les mains des terroristes après le départ de la France et le retrait de la MINUSMA. Il est essentiel de renforcer la présence des FDS sur le terrain, de favoriser le retour de l’administration et des services sociaux de base, et d’initier des projets novateurs pour que les populations des régions comme Kidal se sentent réellement maliennes.
Le défi électoral est également important cette année. La transition actuelle ne doit pas dépasser cette année pour éviter l’exaspération du peuple. La présidentielle prévue en février prochain a été reportée à une date ultérieure, ce qui a suscité des interrogations et des doutes quant à la crédibilité des autorités actuelles. Il est urgent de fixer une date pour cette élection afin de maintenir la confiance de la population et de la communauté internationale.
Le président de la Transition doit faire face à la difficulté de laisser une mission inachevée tout en respectant sa parole donnée aux Maliens. Il a exprimé sa volonté de mettre en place des mesures durables pour encadrer la vie politique et construire un nouvel équilibre de l’État. Cependant, il doit également défendre sa crédibilité et éviter de se maintenir au pouvoir au risque d’accentuer l’isolement diplomatique et économique du Mali.
En conclusion, le Mali doit relever de nombreux défis pour éviter de nouvelles épreuves. La sécurité et les élections sont les principaux enjeux auxquels le pays est confronté. Il est crucial de renforcer la présence des FDS sur le terrain, de favoriser le retour de l’administration et des services sociaux de base, et de fixer une date pour la présidentielle afin de maintenir la confiance de la population et de la communauté internationale. Le président de la Transition doit trouver un équilibre entre l’achèvement de sa mission et le respect de sa parole donnée aux Maliens, tout en évitant de s’accrocher au pouvoir au détriment de la souveraineté et du bien-être du pays.