Malikura : Entre discours et réalité
L’Initiative Malikura, lancée par le président de la transition, a suscité une certaine émotion, mais son impact concret se fait toujours attendre dans notre quotidien. Malgré les discours passionnés et les promesses, il semble que nous ayons du mal à véritablement adopter les valeurs de nos ancêtres, pourtant revendiquées avec fierté. Ces derniers, par respect, refusaient de se compromettre dans des actes déshonorants tels que le vol, le mensonge ou la corruption, même au prix de la famine. Tant que nous ne respectons pas ces valeurs, Malikura restera une simple déclaration d’intention.
Un changement individuel nécessaire
Le président aspire à transformer le Mali en un modèle de citoyenneté exemplaire, fondé sur une véritable souveraineté. Cependant, il semble que ses attentes ne soient pas toujours comprises par la population. Pour que le Mali nouveau tant rêvé devienne réalité, un changement profond des comportements est indispensable, et cela doit commencer par chaque individu. Malgré une certaine adhésion de principe, de nombreux Maliens restent réticents à mettre en pratique les exigences de Malikura. Pour que cette initiative prenne véritablement racine, chacun doit s’engager à changer ses comportements.
Le succès de Malikura repose en grande partie sur l’implication de chaque famille malienne, première étape essentielle vers la réalisation de cet objectif. Malheureusement, certains individus voient cette initiative comme une opportunité de s’enrichir aux dépens des valeurs prônées par Malikura, telles que l’honnêteté et l’intégrité. Le laxisme gagne du terrain malgré les appels à un changement de comportement. Il est regrettable de constater que la reconnaissance n’est plus réservée aux griots, certains préférant profiter de la situation. Autrefois, à Ségou, un griot aurait même détruit son instrument de musique après la mort de son maître pour ne pas chanter pour quelqu’un d’autre.
Malikura s’inspire des valeurs ancestrales, et pour assurer son succès, ces valeurs doivent être adoptées par l’ensemble de la population, et non pas seulement par le président. Les beaux discours ne suffisent pas, ce sont les actions quotidiennes de chacun qui feront la différence.
Malikura doit être un projet fédérateur, impliquant tous les Maliens, et non pas une tribune pour régler des comptes. La gouvernance est un processus collectif, où chacun doit jouer son rôle. Comme le dit un proverbe bambara, il est parfois nécessaire de faire des sacrifices pour accomplir de grandes choses, et toutes les portes ne doivent pas nécessairement être ouvertes.
Drissa Togola