Le chef religieux musulman Chouala Bayaya Haïdara a été placé en détention à la Maison centrale d’arrêt de Bamako le 20 décembre 2023 par le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune Vl, de Bamako. Cette décision fait suite à son arrestation la veille par les éléments de la Brigade d’enquête judiciaire (BIJ) à son domicile de Bamako.
L’arrestation de Chouala Bayaya Haïdara a suscité un mouvement spontané de soutien de la part de centaines de disciples et sympathisants du prêcheur. Ils se sont rassemblés devant sa maison avant de se rendre à la BIJ pour réclamer sa libération. Malheureusement, leur manifestation n’a pas abouti et ils ont passé la nuit devant la Brigade. Ils ont appris la triste nouvelle de l’inculpation du prêcheur pour des faits d’« atteinte au crédit de l’État par la diffusion de propositions mensongères de nature à troubler l’ordre public », selon une source proche du dossier.
Les problèmes du guide religieux ont commencé avec la diffusion d’une vidéo sur les réseaux sociaux où il critiquait vivement les autorités politiques et judiciaires du pays pour la détention provisoire jugée excessive et injustifiée de certaines personnalités. Dans cette même vidéo, enregistrée lors d’une séance de pêche la semaine précédente, Chouala Haïdara évoquait également les coupures d’électricité qui affectent la population malienne depuis des mois.
Cette affaire soulève la question de l’appropriation de la loi sur la cybercriminalité et du respect des comportements appropriés dans l’utilisation de l’espace numérique au Mali.
Fin octobre, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Mamoudou Kassogué, a appelé les citoyens à la vigilance et au respect de l’intégrité physique et morale de leurs concitoyens dans leurs propos sur les médias, notamment sur les réseaux sociaux. Il a conseillé de donner des informations, des points de vue ou des contradictions sur des sujets liés à la gouvernance sans attaquer l’honneur et la dignité des autres.
Le ministre de la Justice a fait appel au sens des responsabilités de tous les Maliens, en particulier des acteurs des nouveaux médias, pour agir dans le respect de l’ordre public et de la cohésion sociale dans cette période cruciale de l’histoire du pays.
En attendant de plus amples informations sur la date de son jugement, plusieurs initiatives de médiation sont en cours de la part des organisations musulmanes et des dirigeants religieux pour apaiser la situation.
Aboubacar TRAORE.