Les Sénégalais appelés à manifester contre le report de la présidentielle
Un nouveau collectif de groupes citoyens, religieux et d’organisations professionnelles a lancé un appel à la mobilisation des Sénégalais contre le report de l’élection présidentielle. Les fidèles sont invités à se rendre à la grande prière musulmane hebdomadaire vêtus de blanc et des couleurs nationales. Des messages circulant sur les réseaux sociaux appellent également les habitants de Dakar à manifester sur la place de la Nation.
Cette journée de mobilisation sera un test du rapport de force entre le pouvoir du président Macky Sall, la société civile et l’opposition. Bien que les initiateurs de cet appel ne soient pas identifiés, certains candidats à la présidentielle ont exprimé leur intention de participer aux manifestations.
Le report de l’élection présidentielle, initialement prévue pour le 25 février et reportée au 15 décembre, a suscité une indignation généralisée sur les réseaux sociaux. L’opposition dénonce un « coup d’Etat constitutionnel » et soupçonne une manœuvre visant à maintenir le président Sall au pouvoir. Il s’agit d’une décision sans précédent depuis l’indépendance du pays en 1960.
Malgré cette indignation, les manifestations ont été réprimées et de nombreuses personnes ont été arrêtées. Les autorités n’ont pas encore réagi publiquement à l’appel à manifester sur la place de la Nation, mais ce type de rassemblement nécessite une autorisation qui n’a pas été demandée. Les autorités ont interdit ces manifestations ces dernières années et ont souvent empêché leur tenue.
Le collectif Aar Sunu Election, regroupant les syndicats de l’éducation, a appelé à un débrayage dans les écoles vendredi matin. Le collectif prévoit également une manifestation mardi et demande aux chrétiens de s’habiller en blanc lors de la prière du dimanche. Plusieurs candidats opposés au changement de calendrier ont exprimé leur souhait d’une convergence avec la société civile.
Le président Sall a annoncé le report de l’élection présidentielle le 15 décembre, seulement trois semaines avant la date prévue, alors que des tensions politiques entouraient les candidatures retenues ou écartées pour le scrutin. L’Assemblée nationale a approuvé cet ajournement avec les voix du camp présidentiel et des partisans d’un candidat recalé, sous la protection des gendarmes. De plus, le maintien de M. Sall au pouvoir jusqu’à l’arrivée de son successeur a également été voté.
Face à la crise politique, le président Sall a affirmé sa volonté d’engager un processus d’apaisement et de réconciliation. Il a donné des instructions au gouvernement, notamment au ministère de la Justice, pour prendre des mesures concrètes dans ce sens. Ces instructions pourraient concerner les personnes détenues.
Cette mobilisation de la société civile et de l’opposition sera donc un test de force pour le pouvoir en place. La décision de reporter l’élection présidentielle a provoqué une vive réaction, mais il reste à voir si cela se traduira par une mobilisation importante dans les rues. Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir politique du Sénégal.