Les dissensions au sein du M5-RFP
Le Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a été créé le 5 juin 2020 dans un contexte de contestations populaires contre le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita. Cette coalition de diverses formations politiques avait pour objectif commun de renverser le pouvoir en place. Cependant, une fois cet objectif atteint, des dissensions internes ont commencé à émerger.
Les départs de l’imam Dicko et d’Issa Kaou N’Djim ont marqué le début des divisions au sein du mouvement. Ces départs mettent en lumière le manque d’une vision politique commune au-delà du simple rejet du régime précédent. Cette situation soulève des interrogations sur la capacité du M5-RFP à gouverner efficacement si le pouvoir lui avait été confié.
L’après transition : les enjeux politiques
Alors que la Transition et le M5-RFP atteignent bientôt quatre ans d’existence, de nouveaux enjeux politiques émergent. L’usure du pouvoir et les préoccupations sociales, telles que la crise énergétique, poussent les acteurs politiques à redéfinir leurs stratégies. Le colonel Assimi Goïta conserve une certaine popularité, tandis que le Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga, fait face à des critiques internes au sein du M5-RFP.
Les tensions entre Me Mountaga Tall et Jeamille Bittar au sein du mouvement révèlent des ambitions politiques personnelles. Une potentielle alliance entre Mountaga Tall et Choguel Kokalla Maïga pour les prochaines élections est évoquée, bien que rien ne soit confirmé. Ces rivalités internes au M5-RFP pourraient avoir un impact sur la stabilité politique du pays après la Transition.
Le rôle prépondérant de Kati
Les luttes intestines au sein du M5-RFP semblent profiter au colonel Assimi Goïta et à Kati, le fief des cinq colonels. Dans un contexte où la classe politique malienne est affaiblie et où la confiance envers les politiciens est faible, le M5-RFP apparaît comme l’unique force politique crédible. Cependant, si les divisions persistent, cette crédibilité pourrait être compromise, laissant les militaires comme les seuls acteurs politiques dominants.
Il est important de noter que le Premier ministre joue un rôle crucial en tant que bouclier pour le président de la Transition. Cependant, les dissensions internes au sein du M5-RFP pourraient affaiblir la position du Premier ministre, le rendant potentiellement remplaçable. Dans ce contexte, Kati pourrait prendre le dessus sur Bamako dans les décisions politiques à venir.
Brehima Sidibé
Doctorant-chercheur à CY Cergy Paris Université