Le mariage interreligieux (musulman et chrétien) peut souvent être confronté à de nombreux obstacles avant de se réaliser et pendant la vie conjugale. En général, ce sont les familles qui mettent des bâtons dans les roues du couple mixte. Cependant, malgré ces difficultés, certains couples parviennent à surmonter ces épreuves et affichent leur bonne entente pendant les fêtes religieuses, telles que Noël (fête chrétienne) ou la Tabaski (fête musulmane).
Le vendredi 15 décembre dernier, vers 9 heures, nous nous sommes rendus chez la famille Touré à Bagadadji, en Commune II du District de Bamako. Mme Touré Marie Dominique Coulibaly, une ménagère trentenaire mariée à un musulman depuis 8 ans, nous a accueillis dans son salon. Elle nous a confié que tout se passe bien maintenant dans son foyer, mais que sa belle-famille était opposée à son mariage. Elle raconte qu’à chaque fois qu’elle se préparait à aller à l’église le dimanche, sa belle-mère trouvait toujours une excuse pour l’empêcher de partir. Finalement, elle a dû en parler au pasteur de son église qui est venu parler à sa belle-mère et lui a donné l’autorisation de faire sa prière. Les premiers jours qui ont suivi son mariage ont été difficiles car sa belle-famille ne voulait pas manger ses plats. Mais maintenant, grâce au seigneur Jésus, sa belle-famille célèbre les fêtes chrétiennes avec elle et ils partagent des repas joyeux ensemble.
Ibrahim Touré, son époux, estime que sa femme est une bonne épouse. Il la remercie d’avoir béni sa vie en tant qu’épouse et souligne qu’elle est présente pour toute la famille. Il apprécie également le fait qu’elle se lève tôt le matin pendant le mois de Ramadan pour préparer les repas et veille à ce qu’il se lève à temps pour la prière du fadjr. Le couple a trois enfants, tous musulmans. Le vendredi, Mme Touré s’occupe des garçons pour qu’ils aillent à la mosquée et veille sur leur fille à la maison pour qu’elle accomplisse ses prières. Ibrahim Touré prie pour que cette entente se poursuive.
Un autre couple mixte, Jean Michel Kamité et Zéïnab Cissé, suscite l’admiration de leurs voisins à Djélibougou, en Commune I du District de Bamako. Ils se sont rencontrés il y a une dizaine d’années pendant leurs études universitaires. Au sein de leur foyer, l’entente est parfaite et ils entretiennent de bonnes relations avec leurs voisins. Chacun respecte la foi de l’autre. L’homme va à l’église le dimanche et certains membres de la famille de Zéïnab Cissé viennent célébrer les fêtes chrétiennes avec elle. La femme se rend à la mosquée tous les vendredis. Zéïnab Cissé confie que l’amour est ce qui compte le plus et que leur différence religieuse fait la beauté de leur couple. Les divergences sont réglées dans le dialogue et Jean Michel Kamité espère que leur troisième enfant, une petite fille, aura la liberté de choisir sa religion.
Almamy Diarra, voisin du couple mixte, félicite les deux tourtereaux pour l’harmonie qu’ils ont instaurée dans leur foyer. Il témoigne du respect et de l’entente qu’ils entretiennent avec leur voisinage. Il les considère comme un couple modèle et leur souhaite bonne chance pour la consolidation de leur union.
En ce qui concerne l’éducation religieuse des enfants issus de mariages mixtes, le pasteur Éric Diarra de l’église de la foi « Assemblées de Dieu » de Bolibana en Commune III du District de Bamako affirme qu’il n’y a pas de mariage mixte dans la Sainte écriture. Selon lui, les enfants d’Abraham doivent se marier entre eux dans la famille sur la base de la foi. Il précise que le mariage mixte est interdit par le Christ mais que certains fidèles de son église sont mariés à des musulmans, et que l’église prie pour qu’ils retrouvent le droit chemin.
L’imam Abdoulaye Sylla de la mosquée de Badiala III explique que selon l’islam, il est préférable qu’un musulman épouse une musulmane. Cependant, il est possible qu’un musulman épouse une femme d’une autre religion à condition qu’elle soit noble et dans le but de l’amener à se convertir à l’islam. Il souligne que l’homme musulman a le pouvoir de décision dans la famille et que les femmes sont soumises à lui. Il explique que beaucoup de femmes dont la religion est différente de l’islam finissent par adopter la religion de leur mari musulman. L’imam précise que l’islam n’autorise pas une femme musulmane à épouser un homme non musulman, mais que l’homme qui prend une chrétienne en mariage ne doit pas lui imposer sa religion, mais peut la conduire à y adhérer.
En conclusion, malgré les obstacles rencontrés, certains couples mixtes musulman-chrétien parviennent à surmonter les difficultés et à vivre en harmonie. Le respect mutuel et la communication sont essentiels pour le bon fonctionnement de ces mariages interreligieux. Chaque couple trouve sa propre manière de gérer les différences religieuses et de transmettre à leurs enfants une éducation religieuse équilibrée.