Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO suscite de nombreuses interrogations quant à l’avenir du Sahel. Bien que rien ne soit définitif en politique africaine, cette décision historique reflète une certaine léthargie dans les initiatives africaines visant à servir le peuple africain.
Sur le plan juridique, le retrait de ces trois pays ne sera effectif qu’après un an, conformément aux textes de la CEDEAO. Personne ne peut se permettre de laisser le chaos s’installer dans la région, permettant ainsi à l’extrémisme violent et à l’insécurité de devenir la norme et de justifier les flux de migrants et de réfugiés. Les dirigeants de la CEDEAO ont récemment changé de discours, passant d’une approche de « guerre » à une approche de « solution négociée » face à une impasse politique qu’ils ont eux-mêmes créée. Il reste à voir si ces négociations porteront sur les obligations des uns et des autres ou si elles aboutiront à un mea culpa officiel de la part des dirigeants de la CEDEAO afin de ramener les trois pays dans le giron de l’institution régionale.
En l’absence d’une approche régionale efficace, il semble que l’on se dirige vers une approche « multi-bilatérale ». L’Alliance des États du Sahel, créée par ces trois pays, sera chargée de négocier individuellement avec les pays restants de la CEDEAO les modalités pratiques de la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux dans la sous-région.
Il est également crucial que l’Alliance des États du Sahel entame des discussions sérieuses avec l’UEMOA, suite aux décisions illégales prises par cette dernière à l’encontre des pays concernés. Les saisies illégales des avoirs financiers des États membres de l’Alliance par la BCEAO doivent être restituées afin de faciliter les négociations. Cependant, il est important de se demander si la direction de l’UEMOA est instrumentalisée, ce qui soulève la question du contrôle par procuration des pays africains.
Malgré les fractures politiques au sein de la CEDEAO, il est peu probable que les djihadistes profitent de cette situation pour étendre leur influence dans la région. En réalité, certains pays de la CEDEAO sont moins touchés que d’autres par le terrorisme, ce qui justifie la présence militaire de forces étrangères en Afrique, qu’elle soit officielle ou officieuse. La coopération militaire avec des pays en dehors de l’OTAN a démontré la capacité des armées nationales à faire face aux terroristes, quelle que soit leur provenance. Il s’agit avant tout d’une guerre pour la souveraineté. Certains « djihadistes » ne sont que des forces de déstabilisation des États africains, agissant pour le compte d’intérêts étrangers qui cherchent à accéder aux ressources naturelles sans payer.
Alors que certains dirigeants politiques semblent impuissants face à la situation, il est important de noter qu’il y a un manque de volonté plutôt qu’une incapacité réelle. Les pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies et les pays du Nord-Global ne sont pas impuissants, mais ils manquent de volonté pour résoudre les problèmes de la région. Certains pays africains ont compris les enjeux de puissance et de souveraineté dans ce nouvel ordre mondial multipolaire. Les plus audacieux cherchent à diversifier leurs partenaires et à acquérir une puissance militaire et politique collective pour sortir du cercle infernal de la déstabilisation et de l’insécurité.
En conclusion, le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO marque un tournant important dans la région du Sahel. Les discussions et négociations à venir entre l’Alliance des États du Sahel, la CEDEAO et l’UEMOA seront cruciales pour l’avenir de la région. Il est essentiel que les dirigeants africains représentent véritablement le peuple africain et non les intérêts financiers et étrangers. Seule une approche multilatérale et une volonté politique réelle pourront permettre de sortir de la crise actuelle et de garantir la souveraineté des peuples africains.