Le Président de la transition, le Colonel Assimi Goita, a récemment annoncé la tenue d’un dialogue inter-malien dans le but de promouvoir une réconciliation globale au Mali. Cela fait suite à une lutte acharnée entre le Parti Progressiste Soudanais (PSP) et le parti au pouvoir, l’Union Soudanaise Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA), qui n’a pas réussi à guérir toutes les blessures.
La chute du président Modibo Keita le 19 novembre 1968 a été perçue comme une revanche de l’histoire par les héritiers du leader du PSP, Fily Dabo Cissoko. Cependant, cet événement a également laissé des zones d’ombre. Un scénario similaire s’est produit lorsque le général Moussa Traoré, alors président tout-puissant du Mali, a été renversé le 26 mars 1991 suite à une colère populaire planifiée par certains acteurs politiques avec la complicité de la métropole. Le lieutenant-colonel Amadou Toumani Touré a ensuite remis le pouvoir au président Alpha Oumar Konaré, porté au pouvoir par l’Alliance pour la Démocratie au Mali, Parti Africain pour la Solidarité et la Justice, dans le cadre du multipartisme intégral.
L’arrivée de Konaré à la tête du Mali a suscité beaucoup d’espoir, notamment en raison de ses idées novatrices et de son engagement panafricaniste. En tant qu’historien, il a rapidement semé le doute dans l’esprit des intellectuels maliens en prônant la réconciliation entre tous les Maliens. Cependant, il a finalement dû choisir entre les régimes du président Modibo Keita, considéré comme le père de l’indépendance du Mali, et celui de Moussa Traoré, dont il avait été ministre de la jeunesse et des sports. Konaré a choisi de condamner le régime de Traoré, le classant ainsi parmi les bourreaux.
Cette décision a ouvert la voie à une confrontation ouverte entre les héritiers de l’UDPM, parti unique, et ceux de l’ADEMA, parti au pouvoir incarné par la classe intellectuelle. L’ADEMA, comprenant certains membres ayant été victimes de persécutions présumées de la part du CM-LN (Comité Militaire de Libération Nationale), puis de l’UDPM, n’a pas fait de cadeau à l’ancien parti unique. Le simple fait de prononcer le nom de l’UDPM est devenu un acte hostile. Les acteurs du multipartisme ont même lancé une violente campagne de dénigrement contre le CM-LN et l’UDPM.
Dans cette lutte pour effacer la mémoire des 23 ans de règne de Moussa Traoré, certaines victimes ont été mises en avant, comme les officiers emprisonnés à Taoudennit et Kidal, ainsi que les victimes du président Alpha Oumar Konaré. Cependant, certains acteurs du mouvement démocratique ont choisi d’occulter les victimes du président Modibo Keita et de son parti, l’US-RDA, qui ne sont pas exempts de tout reproche.
En 2011, le président Amadou Toumani Touré a réussi à réconcilier les héritiers du PSP et ceux de l’US-RDA lors d’une grande cérémonie au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). Pour que le dialogue inter-malien actuel soit une véritable réussite, il est crucial d’atteindre une réelle réconciliation. Il ne doit en aucun cas se transformer en un autre lieu de confrontation, sinon il subira le même sort que la Conférence Nationale Souveraine de 1991, la Conférence d’Entente Nationale, le Dialogue National Inclusif et les Assises Nationales de la Refondation.
En résumé, le dialogue inter-malien annoncé par le président de la transition, le Colonel Assimi Goita, vise à promouvoir une réconciliation globale au Mali. Cependant, il est important de ne pas répéter les erreurs du passé en se concentrant uniquement sur certaines victimes et en occultant d’autres. La réussite de ce dialogue dépendra de la capacité des parties à mettre de côté leurs différences et à travailler ensemble pour construire un avenir meilleur pour le Mali.