Le pouvoir du Col Assimi Goïta au Mali a décidé de reporter sine die l’élection présidentielle de février 2024, ce qui a entraîné une démobilisation de la classe politique. Habituellement, les élections présidentielles sont une occasion pour les acteurs politiques de briller, grâce à leur connaissance étendue du territoire. Même si un candidat indépendant peut se démarquer lors d’une élection présidentielle, cela se fait généralement avec le soutien de vastes coalitions politiques.
Le pouvoir de Transition semble hésitant quant à la tenue de l’élection présidentielle. Bien qu’il ne soit pas encore clair si le chef de la Transition, le Col Assimi Goïta, souhaite prendre définitivement les rênes du pays, on peut supposer que le report sine die de cette élection est stratégiquement calculé. Que le Col Assimi Goïta se présente ou non, il n’a apparemment rien à gagner en organisant rapidement cette élection cruciale.
En effet, sa candidature susciterait de nombreuses critiques et contestations, même s’il compte encore de fervents soutiens. Certains partis politiques et même des organisations de la société civile n’hésiteraient pas à s’opposer à sa candidature.
De plus, les partis politiques planifient généralement leurs actions en fonction des calendriers électoraux. Ils accélèrent leurs préparatifs en organisant des réunions et des rencontres pour mobiliser leurs électeurs. En cas de reports successifs de l’élection, la classe politique se démobilise progressivement. De plus, les partis politiques manquent souvent de ressources financières pour maintenir l’élan électoral.
En résumé, le pouvoir a tout intérêt à créer un climat d’attentisme et d’indécision concernant la prochaine élection présidentielle au Mali. Cela freine inévitablement les ambitions des leaders politiques qui s’étaient engagés dans des tournées et des rencontres sur le terrain pour rester en contact avec leurs militants. Ces efforts étaient déjà compromis par le climat sécuritaire tendu et la guerre contre les groupes armés terroristes. De plus, dans un contexte de conflit, le discours politique est souvent perçu comme « un zèle indécent pour le pouvoir ».
Tout semble donc se mettre en place pour paralyser l’activité politique visant à conquérir le pouvoir. Certains cadres politiques font même face à des restrictions de liberté ou à des mesures judiciaires. Tout cela pourrait à terme sonner le glas d’une classe politique résiliente mais épuisée, qui n’a plus bénéficié de financement public depuis près de 5 ans.
Face à cette situation, de nombreux acteurs politiques pourraient se résigner à faire allégeance au pouvoir de Transition pour survivre, mais sans conviction initiale. Reste à savoir s’ils relèveront ce défi existentiel. Wait and see !
Source : Boubou SIDIBE / maliweb.net.