Des centaines de personnes se sont rassemblées le 1er février à la Place du Cinquantenaire de Bamako, en réponse à l’appel du ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, et d’organisations de soutien. Ces manifestations ont eu lieu dans la capitale ainsi que dans les capitales régionales, avec pour objectif commun de soutenir les autorités de la Transition suite à leur décision de se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Les manifestants ont vivement critiqué l’ingérence de la Cedeao et de la France dans les affaires intérieures des pays de l’AES et ont demandé une nouvelle monnaie pour l’AES. Les pancartes arboraient des slogans tels que « non à la Cedeao », « abas la Cedeao », « vive AES » et « seule la liberté libère ». Des drapeaux du Mali, du Burkina Faso, du Niger et de la Russie étaient également présents pour symboliser la souveraineté retrouvée.
Les ministres en charge des Sports et de la Jeunesse, de l’Industrie et du Commerce, ainsi que de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, étaient présents aux côtés des manifestants. Les ambassadeurs du Niger et du Burkina Faso au Mali ont également exprimé leur soutien à la décision des pays de l’AES. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a assuré à la foule que les ports ne seraient pas fermés et que des réflexions étaient en cours pour assurer un retour sur investissement aux pays voisins. Cependant, il n’a pas abordé les conséquences financières pour les citoyens liées à l’accès aux principaux ports en dehors de la CEDEAO. Le ministre de la Refondation et des Réformes institutionnelles a quant à lui souligné les origines de la Cedeao à Bamako et a dressé un bilan négatif de l’organisation, évoquant l’embargo et la fermeture des frontières.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, a dénoncé l’absence de la Cedeao face à l’insécurité qui sévit dans les pays de l’AES depuis plusieurs années. Il a souligné que la décision de retrait était réfléchie et qu’elle ouvrait de meilleures perspectives pour la jeunesse.
Cependant, malgré les discours, la mobilisation des manifestants a été relativement faible. Certains observateurs ont constaté que l’enthousiasme était en deçà de celui observé lors de l’arrivée des colonels au pouvoir en janvier 2023. Sur les réseaux sociaux, certains ont critiqué leur exclusion de l’organisation de la manifestation, estimant qu’ils étaient plus capables de mobiliser.
Il est difficile de dire ce qui n’a pas fonctionné, mais il est clair que cette initiative unilatérale des gouvernants intervient dans un contexte de malaise politique au sein des soutiens de la Transition. De plus, la hausse du coût de la vie et les frustrations liées à la crise énergétique ne plaident pas en faveur de la décision de rompre avec la CEDEAO. Les acteurs économiques maliens ont exprimé leur circonspection lors d’une rencontre avec le Premier ministre, laissant transparaître leurs inquiétudes quant aux pertes et aux gains liés à ce retrait.
En somme, bien que les manifestations aient exprimé leur soutien aux autorités de la Transition dans leur décision de se retirer de la CEDEAO, la faible mobilisation et les réserves émises par certains acteurs politiques et économiques laissent planer le doute sur la pertinence de cette décision.