## Une crise qui s’aggrave au Sahel
Le 27 janvier, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur intention de se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), malgré les efforts déployés pour les en dissuader. Cette décision pourrait être le dernier symptôme d’une crise qui s’aggrave au Sahel, selon le spécialiste en diplomatie Nicholas Westcott, professeur de pratique diplomatique au Département de politique et d’études internationales de la SOAS à l’Université de Londres.
### Risque accru pour les pays côtiers de la Cedeao
Nicholas Westcott explique que les États côtiers de la Cedeao craignent la contagion du terrorisme et des troubles politiques au Sahel. Si les trois pays sahéliens quittent la Cedeao, ce risque va sûrement augmenter. De plus, l’arrêt de la libre circulation entre ces pays et le reste de l’Afrique de l’Ouest pourrait avoir des conséquences économiques graves pour toutes les personnes concernées.
### Un risque pour les partenaires de l’Afrique
Ce schisme au sein de la Cedeao constitue également un risque pour les partenaires de l’Afrique en Europe et aux États-Unis. Une étude récente a montré que le ressentiment face à la présence militaire française accrue était l’une des principales raisons pour lesquelles l’armée nigérienne a soutenu le coup d’État mené par le général Abdourahmane Tchiani plutôt que le président élu Mohamed Bazoum. D’autres pays occidentaux risquent d’être mis dans le même panier néocolonial s’ils ne réforment pas les institutions internationales pour refléter les préoccupations africaines.
Nicholas Westcott souligne que tous les pays d’Afrique de l’Ouest sont confrontés à une crise à plusieurs niveaux, notamment en raison de la croissance atone suite à la crise financière de 2008, au COVID, à la guerre en Ukraine, à l’impact du changement climatique et à la croissance démographique. Les gouvernements élus ont du mal à répondre aux attentes de leurs citoyens, en particulier des jeunes au chômage, désillusionnés par la démocratie.
Face à la menace des coups d’Etat, les organisations régionales africaines, comme la Cedeao et l’Union africaine, sont confrontées à un dilemme. Doivent-elles exclure les États qui ont connu des changements de gouvernement anticonstitutionnels ou compromettre leurs principes pour préserver une unité nominale ?
Les arguments avancés par les régimes militaires pour leur retrait de la Cedeao sont faibles, selon Nicholas Westcott. Il estime qu’ils cherchent à saper le principe selon lequel les nations africaines devraient s’appliquer mutuellement des normes, tout en se présentant comme des défenseurs des pauvres et des opposants à l’influence occidentale.
En conclusion, la crise au Sahel et le schisme au sein de la Cedeao soulèvent des préoccupations quant à la stabilité politique, économique et sécuritaire de la région. Les partenaires occidentaux et les institutions internationales doivent réformer leurs approches pour répondre aux défis croissants auxquels l’Afrique de l’Ouest est confrontée.