Les crises humanitaires dans le Sahel menacent les acquis du développement
Le Comité permanent inter-organisations (CPI) des Nations unies, qui est l’instance de coordination humanitaire, a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la situation critique qui prévaut au Sahel. Selon les membres de ce comité, les crises qui sévissent dans le Sahel central aggravent les besoins humanitaires et de protection, mettant en péril les progrès réalisés en matière de développement.
D’ici 2024, environ 17 millions de personnes au Mali, au Burkina Faso et au Niger auront besoin d’une aide humanitaire et de protection, ce qui représente environ un cinquième de la population. Les femmes et les filles sont particulièrement touchées par cette crise, ce qui accentue les inégalités entre les sexes dans la région.
La violence atteint des niveaux alarmants, avec près de 700 civils tués rien qu’en octobre et novembre 2023, soit une moyenne de 11 personnes par jour, soit près du double du taux signalé en septembre. Plus de 3 millions de personnes sont actuellement déplacées, principalement des femmes et des enfants.
Les services de base tels que les écoles et les établissements de santé sont également fortement touchés, avec environ 8 400 écoles et 470 établissements de santé qui ne fonctionnent plus. Ces tendances intensifient les besoins humanitaires et entravent l’exercice des droits humains des populations.
Au Mali, l’insécurité persiste dans certaines parties du nord, de l’est et du centre, ce qui entraîne de nouveaux déplacements et de nouveaux besoins. Malgré ces contraintes, les agences humanitaires restent sur place pour fournir une assistance et une protection aux personnes les plus vulnérables.
Au Niger, les partenaires humanitaires ont rencontré des difficultés pour acheminer des fournitures dans le pays en raison de la fermeture des frontières. Les projections des besoins humanitaires pour les prochains mois sont très préoccupantes et pourraient être exacerbées par les mauvaises récoltes, l’insécurité, les déplacements, les risques en matière de protection, les sanctions et les suspensions de l’aide au développement.
Au Burkina Faso, l’insécurité et d’autres défis liés à l’environnement ont contraint les agences humanitaires à recourir à des transports aériens coûteux pour acheminer l’aide, réduisant ainsi l’ampleur de l’aide humanitaire globale. Des efforts sont en cours pour améliorer l’accès à l’aide essentielle, notamment par le transport terrestre.
Manque de financement pour répondre aux besoins humanitaires
Malgré les risques et les ressources limitées, les partenaires humanitaires nationaux et internationaux continuent d’agir en collaboration avec les organisations locales. En 2023, ils ont aidé environ 6,3 millions de personnes dans le Sahel central, en complément des efforts des autorités et des communautés nationales et locales. Cependant, les opérations d’aide sont confrontées à un déficit de financement qui paralyse leurs efforts. En 2023, les appels humanitaires pour les trois pays du Sahel central n’ont reçu qu’environ un tiers des fonds requis, soit environ 781 millions de dollars.
Besoin de 2,2 milliards de dollars en 2024
En 2024, les acteurs humanitaires auront besoin d’environ 2,2 milliards de dollars pour aider 10,4 millions de personnes dans la région. Toutefois, ils soulignent que l’aide humanitaire ne constitue pas la solution aux problèmes de faim, de déplacement et de maladie qui caractérisent la crise au Sahel central. Il est essentiel d’investir dans la résilience, le développement durable et la cohésion sociale pour aider les communautés à progresser et éviter une nouvelle augmentation des besoins humanitaires.
Les membres du CPI recommandent de ne pas prendre de mesures susceptibles d’aggraver les souffrances des civils, telles que des sanctions non ciblées ou des suspensions de l’aide au développement. Ils soulignent également l’importance de partenariats élargis avec les communautés locales et la société civile, y compris les organisations dirigées par des femmes.
En conclusion, il est temps de passer à l’action pour aider les populations du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Le monde reconnaît depuis des années qu’il faut faire davantage, et il est maintenant temps de concrétiser ces paroles par des actes.