L’Office central de l’enrichissement illicite (Oclei) a récemment publié un rapport choquant sur les subventions accordées aux établissements privés de l’Enseignement secondaire général, technique et professionnel au Mali. Ce rapport met en lumière un scandale inqualifiable dans un secteur censé éduquer et former les citoyens du pays, qui est déjà ébranlé par de multiples crises depuis plus d’une décennie.
Selon le rapport de l’Oclei, l’État a versé un montant total de 196.095.86.207 FCFA (francs CFA) aux établissements privés d’enseignement secondaire entre 2017 et 2021, soit une moyenne annuelle de 49.023.966.052 FCFA. Ce montant est équivalent aux coûts de construction et de fonctionnement de 80 lycées publics par an. En d’autres termes, l’État aurait pu construire et faire fonctionner chaque année un nouveau contingent de 80 lycées publics avec les subventions accordées aux écoles privées. Sur les 4 années concernées, les montants alloués auraient pu permettre la construction de 320 lycées publics.
Le rapport souligne également une disparité flagrante entre les établissements publics et privés. Entre 2014 et 2021, on compte seulement 111 établissements publics d’enseignement secondaire dans tout le pays, contre 2.421 établissements privés. Ce nombre d’établissements privés ne cesse d’augmenter de manière significative, passant de 1.147 en 2015-2016 à 2.421 en 2021.
Le rapport révèle également une situation préoccupante concernant les arrêtés d’ouverture des écoles privées. Plus de 1.000 écoles secondaires privées fonctionnent avec des arrêtés présumés faux. La mission de l’Oclei a recensé 19 établissements sans arrêté d’ouverture, qui ont pourtant reçu des élèves de l’État ainsi que des subventions pour un montant total de 2.065.363.000 FCFA sur les années scolaires 2017-2018 à 2020-2021.
Il est également important de souligner que certains promoteurs de ces établissements privés sont des fonctionnaires du ministère de l’Éducation nationale. Cette constatation met en évidence le manque de vision au sommet de l’État ainsi que la cupidité et l’inconscience de certaines personnes qui abusent impunément des deniers publics.
Ces pratiques sont inadmissibles et doivent cesser immédiatement. Alors que des milliards sont injectés dans les subventions aux établissements privés, de nombreux jeunes diplômés se débattent dans la précarité à la recherche d’un emploi stable. De plus, de nombreux villages cherchent désespérément à ouvrir des écoles, tandis que d’autres établissements scolaires, y compris dans le district de Bamako, sont dans un état de délabrement indescriptible.
Il est donc urgent que des mesures soient prises pour mettre fin à ces pratiques et rééquilibrer les investissements dans l’éducation au Mali. Les ressources publiques doivent être utilisées de manière responsable et équitable afin de garantir un accès égal à l’éducation pour tous les citoyens.